Si Elizabeth Short est devenue malheureusement célèbre, non pas en tant qu'actrice, mais en tant que cadavre au sourire que n'aurait pas renié le Joker de Batman, l'histoire de Jean Townsend m'était inconnue.
D'un côté, les USA et Hollywood (même par la petite porte), les années 50 et une jeune femme glamour et de l'autre, l'Angleterre, les sixties et un physique moins avantageux. le titre en VO est "Dead fashion girl" qui aurait pu être traduit par "Mort d'une jeune fille modèle" ou "Mort d'une fille à la mode". le titre français colle bien à ce qui est arrivé à la victime.
Il faut bien avouer que l'auteur en dehors d'une recherche aussi minutieuse que possible, même si elle n'aboutit à rien, nous restitue le swinging London avec une malice et un réalisme qui contraste avec l'imagerie véhiculée habituellement. Nous découvrons donc le cadavre de Jean Mary Towsend, jeune femme qui travaillait dans l'univers du spectacle dans le secteur du costume auprès d'un créateur de costumes et acteur britannique un peu oublié, Michael Whittaker (qui créa entre autres, la combinaison d'Honor
Blackman dans Chapeau Melon et bottes de cuir).
Autour du corps et de la vie de Jean Mary Townsend, nous voyons se lever le voile sur le milieu homosexuel de l'époque, les parties dites "fines" avec du beau linge royal, les jeux dangereux, SOHO, les frères Kray, la guerre froide et les soldats américains stationnés en Angleterre vivant en autarcie, le scandale Profumo. L'auteur restitue l'Angleterre d'après-guerre : celle des terrains vagues et des pénuries ...
D'un crime non résolu à ce jour et aux nombreuses pistes infructueuses, l'auteur a fait un roman et a essayé d'en percer le secret. Richement illustré, fourmillant de témoignages, c'est un texte qui se laisse lire aisément..Merci aux Editions Sonatine et à Net Galley de m'avoir permis de me pencher sur cette période somme toute méconnue de l'histoire criminelle anglaise.