AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LePalaisdeLaurent


Unn et Siss, deux fillettes de onze ans se rencontrent et tombent éperdument sous le charme l'une de l'autre. Mais la mort va venir subitement s'immiscer au coeur de leur bonheur naissant. Voilà résumée succinctement l'histoire de Palais de glace de Tarjei Vesaas (1897-1970), écrivain norvégien issu de la campagne rugueuse du Telemark. Et de cette trame on ne peut plus mince, l'auteur va réussir à tirer un admirable chef d'oeuvre de la littérature norvégienne en nynorsk (néo-norvégien). Il faut pourtant admettre que tout le monde ne pourra pas rentrer dans ce court roman aux allures de conte qui a de quoi dérouter. Pour ma part, j'ai adoré ! Avec une merveilleuse poésie (on croirait entendre la musique de la neige qui tombe), l'auteur nous convie sans jamais sombrer dans le mélodramatique dans un monde entre rêve et réalité où l'hiver glacial du nord abolit la frontière parfois poreuse et dérisoire entre la vie et la mort, entre l'amour et le souvenir. Au centre de l'ouvrage, un mystérieux "palais de glace" autour duquel tout tourne, qui est à la fois une bizarrerie de la nature glaciale figeant une cascade dans le gel, mais aussi un véritable château féérique dans lequel va finir par se perdre une jeune fille à l'imagination fertile et vagabonde. Toute la finesse, toute la subtilité du livre résident dans la force des symboles et surtout dans les nombreux non-dits, dans cette retenue que l'on retrouve constamment, notamment à travers la sensualité émanant de l'étrange amour-amitié qui s'installe dès les premières pages entre les deux principales protagonistes de l'histoire. Mais cette subtile retenue transparaît aussi dans l'"après". Car jamais la mort omniprésente n'est explicitement citée, pas plus que le deuil qui imprègne pourtant une bonne partie du livre, alors même que le temps s'écoule inexorablement avec le passage des saisons, de l'automne au printemps. Si ce n'est les prénoms des deux héroïnes, aucun autre nom n'est cité : ni lieu, ni personnage, ni date, comme si Unn et Siss n'existaient que l'une pour l'autre, l'une par l'autre. Encore une fois, pas d'histoire complexe ici mais bien une force d'évocation hors du commun dans un petit livre qui dépeint à la fois l'amour et la force des sentiments pouvant conduire jusqu'à la mort, au-delà de la mort, jusqu'au retour du printemps et de la vie. Est-ce alors nécessairement l'oubli ? le renoncement ? En conclusion, un texte souvent triste et froid, mais aussi beau et émouvant, presque jamais désespérant malgré le sujet, et imprégné de la proximité de la nature que les Scandinaves savent décrire mieux que quiconque. En tout cas une bien belle découverte que je recommande vivement !
L'illustration de couverture de l'édition française GF reprend avec bonheur la peinture "Jeune fille sur une jetée" d'un autre grand artiste norvégien, à savoir Edvard Munch.
Lien : http://laurent.femenias.free..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}