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Critique de Fortuna


Marc Aurèle, empereur romain, a régné de 161 à 180. Son règne a été marqué par de nombreuses guerres et pour supporter cette fonction difficile qui l'éloignait d'une vie consacrée à un loisir cultivé, il écrit ses pensées à soi-même, cherchant des modèles chez les philosophes et les dieux pour l'aider à rester droit face à l'adversité.

Le propos de Pierre Vesperini est de nous rappeler l'importance de lire les textes anciens dans le respect de leur époque et non à la lumière de nos conceptions contemporaines.
En effet les Pensées de Marc Aurèle connaissent un grand succès aujourd'hui dans un monde déboussolé à la recherche d'une éthique laïque. Mais qu'écrivait réellement Marc Aurèle loin de recettes pour nos contemporains ?

Tout d'abord il n'est pas un philosophe stoïcien. Il cherche dans le discours stoïcien une droiture, une efficacité. Il s'en sert comme d'un moyen, d'une aide, restant libre de toute doctrine. Pour lui ce qui est vrai est ce qui est conforme à la justice.

Hegel puis Foucault vont développer une vision faussée des anciens à travers leur philosophie de l'Histoire : ils considèrent Marc Aurèle comme une étape de la subjectivisation de l'individu. Or de son temps il n'y avait pas de séparation entre le soi et le soi social. On se réglait sur des modèles comme les philosophes ou les dieux. Les philosophes devaient fournir aux élites des discours pour rester droits, c'est à dire remplir leur rôle social selon l'éthique de l'aristocratie.

L'âme pour les Romains est une réalité physique, le souffle de la vie. Il faut garder son corps en bonne santé. Les pensées sont des images. Il ne faut pas se laisser dominer par les affects, colère, chagrin, haine, paresse. Il est important de dire la vérité même si l'on s'isole du groupe. Donc la droiture conduit à la mélancolie, à un isolement propre aux êtres exceptionnels, dont Marc Aurèle faisait partie.
Marc Aurèle a écrit ses pensées pour s'aider à gouverner, prendre des décisions, mieux supporter sa fonction d'empereur, lutter contre ses tendances mélancoliques.

Le livre de Pierre Vesperini est très intéressant, m'a permis de découvrir Marc Aurèle et donné quelques pistes pour aborder son oeuvre. Sa lecture par contre n'est pas très fluide, beaucoup de notes alourdissent la lecture, et l'on finit par perdre un peu le fil du propos, les deux notions s'entrecroisant en fait, la droiture de celui qui gouverne permettant de lutter contre la mélancolie, mélancolie engendrée par la solitude du pouvoir et le devoir de rester droit. Malgré tout c'est une bonne introduction à l'oeuvre de ce grand homme qui a cherché la sagesse tout au long d'un règne difficile.
Merci à Babelio et aux éditions Verdier de m'avoir permis sa découverte.
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