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Critique de keisha


Comme Jean Rolin a obtenu le prix Vialatte pour le traquet kurde, l'idée de lire Vialatte s'est ré imprimée dans ma tête, et plutôt que de me lancer dans ses chroniques complètes parues dans La Montagne (deux tomes épais dans la collection Bouquins), j'ai choisi cet opuscule reprenant des textes présentant (à la Vialatte, évidemment) des animaux.

Je préviens. Humour pince sans rire, servi par une écriture tirée au cordeau, ça peut laisser sur le flanc. Mais à petite dose (j'avoue), j'aime beaucoup.

Les illustrations sont superbes, non dénuées d'humour elles aussi. Honoré, quel talent! (cruellement stoppé le 7 janvier 2015)

LOUP : Sans le loup pas de froid de loup, sans froid de loup pas d'hiver.

CHAT : Les chats sont de sales bestioles qui lacèrent les fauteuils et font pipi au milieu des salons, après quoi ils vont s'établir sur les genoux d'une dame respectable, une présidente de confrérie, une grand-mère de parents d'élèves, une lauréate de jeux floraux infiniment maigre et savante.(...) Il se compose, assure un écolier, de deux pattes de devant, de deux pattes de derrière et deux pattes de chaque côté.

CHIEN DE TRAINEAU : Moins carnivore que le chat et le digitigrade vermiforme, il se contente pour sa nourriture de harengs frais qu'on lui lance de très loin à cause de sa férocité et qu'on pêche dans des criques grandioses à la lueur des aurores boréales en creusant des trous dans la glace avec des poignards eskimos.

AUVERGNAT : Ce qui caractérise l'Auvergne, c'est qu'elle est remplie d'Auvergnats : presque autant que Paris. Ils ont de bonnes joues rouges, fruit d'une saine nourriture, des yeux qui brillent, la chair entrelardée et des dents blanches de trois espèces : les incisives qui tranchent le saucisson, les canines qui le percent, les molaires qui le broient. Quand le saucisson les voit arriver, il se déclare vaincu d'avance.

Quant à l'Auvergnat de race très pure, la zoologie nous fait voir que, sous un gilet de laine marron, qui se boutonne et qui a quatre poches, il porte un pullover couleur aubergine sous lequel il a mis un chandail qui dissimule quelques menus lainages superposés sur l'épaisse chemise qui recouvre son tricot de peau.

FEMME : La femme remonte à la plus haute antiquité. Elle est coiffée d'un haut chignon. C'est elle qui reçoit le facteur, qui reprise les chaussettes et fait le catéchisme aux enfants.

La femme se compose essentiellement d'un chignon et d'un sac à main. C'est par le sac à main qu'elle se distingue de l'homme. Il contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le rouge , le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu'elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent, et la lettre qu'on cherchait partout depuis trois semaines. Il y a aussi, sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s'expliquerait pas autrement la dimension des sacs à main.

PIEUVRE : On sait généralement que la pieuvre est une espèce de monstre mou de cinquante mètres d'envergure, inventé par Victor Hugo pour compliquer la vie des îles anglo-normandes. Il accule le pêcheur dans une grotte sous-marine, lui barre la porte et l'enveloppe de lui-même comme d'un manteau gluant dont on ne peut se dépêtrer, étrangle le malheureux de ses bras, la suce de ses ventouses, et on ne peut s'en tirer qu'en lui crevant les yeux avec une fourchette à dessert.(...) La pieuvre est l'enfant naturel du foie de veau, de Fantômas et du chat à neuf queues.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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