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Critique de ClarissaDalloway


Il est deux heures et quart de l'après-midi, le 2 décembre précisément. Ellis, tout juste 21 ans, traverse un parc de New York, peut-être sort-elle de la fac où elle travaille à une thèse en histoire de l'art, quand...
Une rencontre, un choc qui va considérablement bouleverser son existence.
"Dans ma tête, l'histoire est toujours au présent, elle commence toujours à deux heures et quart. Je me promène le long de l'allée du parc quand j'entends derrière moi un homme dire : "Madame ?". Puis, l'homme, l'entraînant un peu l'écart, sur un banc, lui pointe un revolver sur la tempe.
"Je veux mourir", "Je veux pas mourir seul"
"Je veux mourir avec quelqu'un."...
Ellis, par un instinct de survie incroyable, un sang froid puisé elle ne sait d'où, se met à lui parler d'art et surtout de poèmes, autant de bonnes raisons, lui affirme-t-elle, de ne pas mourir encore. L'homme écoute et capitule, la laissant sur le banc, et partant, elle pourrait presque le jurer, en sifflotant.
Dès cet instant, si sa perception du monde s'effiloche et se modifie, ce sont surtout les autres qui se mettent à agir et à réagir de bien étrange façon...
Les garçons accourent, tels des anges tutélaires, pas angéliques pour deux sous... Les filles donnent des leçons - traverser un parc seule, quelle imprudence ! Même la psy qui, baissant le masque, ne peut s'empêcher de marmonner au lieu de replacer les éléments dans leur contexte, quelle horreur...
Finalement, c'est peut-être l'étrangeté des autres, face à l'événement, qui amènera la jeune fille à comprendre, et à pardonner. Oui pardonner. Pardonner à son ancien petit ami, suicidaire, pardonner à son père, parti au loin pendant de longues années (en oubliant, fait mémorable pour sa soeur cadette, l'anniversaire des onze ans de cette dernière), pardonner à la mère (si vivante, si extravagante, si généreuse "à l'extérieur") et j'en passe.
Oui, tout le monde est étrange, un peu fou, un peu loufoque, personne n'est indemne après tout.
ET personne non plus ne pourra jamais juger à sa place, l'homme au revolver, personne ne pourra approcher de ses pensées, à ce moment précis. Elle est seule, comme la femme de ce tableau de Duchamp, entraperçue par la fente d'une porte, au Musée d'Art de Philadelphie. Elle est seule et énigmatique, et les autres, ceux qui se pencheront sur cette porte, fermée à double tour, ne seront peut-être que des voyeurs...

"Je jette un oeil par une fente et aperçois le corps d'une femme nue, prostrée, abandonnée au flanc d'une colline. de la main gauche, elle tient une lampe à pétrole, dont la flamme brûle toujours.
De l'endroit où je suis, je ne vois pas son visage. Il faut que je le voie. Qui lui a fait ça ? Est-ce qu'elle était en train de pique-niquer ? Je tire fort sur les battants de bois patiné. Ils ne s'ouvrent pas. Je ne peux voir la femme qu'au travers d'une petite fente, mais je ne peux ni m'en approcher, ni la regarder, ni la toucher."

La vérité est ailleurs... La vérité n'est tout simplement pas visible, elle est incommunicable.
Le livre s'achève apaisé, autour d'énigmes façon mots croisés... Tout va bien. le monde est fait d'histoires, de points de vue, d'angles de vision, à l'infini.
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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