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Critique de polacrit


Le public des années 1820, avide de sensationnel, se passionne pour les crimes. Les vies de criminels font l'objet de romans, de pièces de théâtre. Dans cet ordre d'idée, les Mémoires de Joseph Fouché, célèbre ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, décédé en 1820, paraissent en 1824.
L'année suivante, les journaux parisiens reprennent la suggestion faite par Balzac lui-même dans son Code des gens honnêtes. La mode des mémoires est lancée.
Vidocq, qui vient de démissionner, ou plutôt qui vient d'être démissionné, pense qu'écrire ses mémoires va lui permettre de rebondir. Et l'affaire s'avère juteuse : il signe avec le libraire-éditeur Tenon un contrat pour trois volumes pour la somme de 24000 francs-or.
La rédaction des mémoires se déroule bien jusqu'à ce mois de janvier 1828 au cours duquel l'ancien chef de la Sûreté se fracture le bras et se retrouve donc dans l'incapacité de corriger les épreuves et d'écrire le second volume.
Tenon, qui ne veut pas prendre de retard, engage Emile Morice, littérateur et journaliste recommandé par Charles Nodier lui-même.
En juillet 1828, le premier volume est achevé et le second en route, sans demander l'avis de Vidocq qui s'insurge, mais il est impossible de revenir en arrière.
Les mois passent. Face au succès retentissant du premier volume, il faut absolument boucler le second et écrire le troisième. C'est alors que l'éditeur engage un autre « teinturier » ou « nègre » en la personne de Louis-François L'Héritier, connu sous le nom de L'Héritier de l'Ain, auteur dramatique, essayiste et journaliste. L'Héritier rédige le troisième à la hâte, puis le quatrième dans la foulée, les deux premiers se vendant comme des petits pains.

Qui était réellement Eugène-François Vidocq ?
Il naît à Arras le 24 juillet 1775 dans une famille de la petite bourgeoisie. Enfant, il est intrépide, rusé et bagarreur, traits de caractère qu'il conservera toute sa vie. Il mène une vie aventureuse d'escroc et de voleur jusqu'en 1796, date à laquelle il est condamné à huit ans de travaux forcés par le tribunal de Douai pour faux en écritures publiques et authentiques. Dans un premier temps, il est incarcéré au bagne de Brest dont il s'évade. Arrêté en 1799, il est cette fois-ci enfermé au bagne de Toulon d'où il s'évade le 6 mars 1800, ce qui lui vaut respect et notoriété sans conteste auprès du Milieu.
En 1809, il est à nouveau arrêté. Comme il ne veut pas retourner au bagne, il propose alors à la police de servir de mouchard à la Préfecture. Il « exercera » d'abord à la prison de Bicêtre, puis à La Force, ancien hôtel particulier du quartier du Marais transformé en maison de détention.
Deux ans plus tard, il est placé officieusement, par le préfet de police Pasquier, à la tête de la brigade de Sûreté, service de police dont les membres sont d'anciens condamnés dont le rôle est d'infiltrer le Milieu.
Excellent physionomiste, Vidocq est capable d'identifier n'importe quel individu vu une seul fois, même grimé. Il excelle d'ailleurs dans l'art du déguisement.
En 1818, gracié par Louis XVIII, il récupère ses droits de citoyen.
De 1811 à 1827, date de sa démission, ses hommes réalisent trois fois plus de captures que les policiers ordinaires. Ses méthodes brutales, bien souvent en marge de la légalité, ainsi que ses excellents résultats lui attirent bien plus d'ennemis que d'amis, aussi bien parmi ses anciens camarades que dans les hautes sphères.
En 1827, le préfet de police, désireux de purger sa police de ses éléments louches, l'oblige à démissionner...Commence alors l'aventure des Mémoires.
Aujourd'hui, les Mémoires de Vidocq présentent un intérêt indéniable pour deux raisons : elles permettent une incursion dans le monde interlope du crime et dans celui, bien souvent pas mieux loti, de la police des premières décennies du 19e siècle. Elles offrent également, même si toutes les péripéties racontées ne sont pas toujours crédibles, un remarquable témoignage sur une période trouble de notre histoire, allant du Consulat à la Restauration des Bourbons. Une lecture autant instructive que divertissante.
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