Citations sur Les mémoires authentiques de Vidocq (12)
...je fuyais toutes les occasions qui pouvaient m'entraîner dans la carrière aventureuse où j'avais été, jusqu'alors, entraîné malgré moi. Mais il est impossible de maîtriser sa destinée. Une singulière propension, à quoi j’obéissais sans m'en douter, me rapprochait sans cesse des individus que j'avais intérêt à fuir.
En sortant de prison, je fus conduit en grand pompe à la société patriotique où l'on me commanda de jurer fidélité à la République, haine aux tyrans, etc. Je jurai tout ce que l'on voulut. De quels sacrifices n'est-on pas capable pour conserver sa liberté ?.
Frauder le gouvernement n'est pas un crime: il a tant de moyens de se refaire!
Ensuite, il revint vers les chevaliers du Soleil. "Attention ! dit-il, cet homme n'est point coupable. Celui qui a volé la bourse aura la plus longue des pailles que je tiens. Approchez et tirez-en chacun une." Lorsque le tirage fut fait, Roman se fit remettre les pailles. Une seule se trouva plus courte que les autres. Ce fut celle d'un nommé Joseph d'Oriolles. On le fouilla. L'argent volé fut trouvé dans sa ceinture. La crainte d'être découvert lui avait fait raccourcir sa paille.
Supprimée en 1791, la flétrissure, peine infamante de l'ancien Régime, fut rétablie par Napoléon.
Le Code Pénal de 1810 la décretait publique, imprimée au fer rouge sur l'épaule. On distinguait TP (Travaux forcés à perpétuité ), T (à temps), D (Déporté). S'ajoutaient selon les cas F ( Faussaire), V ( Voleur) ainsi que le nom du département où siégeait la cour criminelle ayant prononcé le jugement.
(Note de Roger Martin)
Mes succès m'avaient acquis une grande renommée. J'étais devenu, à la fois, la terreur de tous les mauvais sujets et la providence de leurs dupes. Mon bureau était journellement encombré de gens qui venaient se plaindre de vols. Et pour en nommer les auteurs, les moindres renseignements me suffisaient. A peine m'avait-on rapporté deux ou trois circonstances que j'interrompais les plaignants par ces mots : " Votre voleur est un tel". Cet "oracle" les étonnait. Le plus grand nombre, au lieu de me témoigner de la reconnaissance, ne voyait en moi - dans le chef de la police de Sûreté - que le complice des criminels dont on venait se plaindre. On supposait que j'étais informé d'avance des coups qu'ils méditaient, et associé aux bénéfices de leur coupable industrie.
Finalement, je me trouvai marié. J'avais dix-huit ans. Aussi bien m'avait-on proposé de choisir : le mariage ou la guillotine. De deux maux, on choisit le moindre.
Je pars. Métamorphosé en barbon de soixante ans, des rides factices, une queue, du crêpé à frimas, un chapeau à trois cornes, une canne à pomme d'or et un habit analogue me donnent tout à fait l'air d'un rentier du Marais.
Voleurs et gens de la police, c'était tout comme. Les hommes de police nommés Goupil, Compère , Florentin, Lévesque, Coco-Lacour, Bordarie, Cadet-Herrier, Henri Lamy, César Vioque, Bouthey, Gaffré, Manigant, etc., etc. , avaient été au bagne ou en prison avant d'appartenir à la police et je vis la plupart de ces agents tomber en récidive.
La position d'un forçat est tellement critique qu'il se voit souvent dans l'alternative de dénoncer pour ne pas l'être lui-même.