AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de VanessaV


Le roman de Delphine de VIGAN, « Les heures souterraines » apporte une vision pertinente et noire du monde de l'entreprise. Moi qui ai quitté la mienne et lui trouvais des failles de communication et une violence souterraine (et aérienne), j'ai été servi par le récit.
Mathilde et Thibault sont deux personnages en prise à deux autres, désincarnés et si présents, si source de violence : Paris et le monde de l'entreprise.
Mathilde était, il y a encore 6 mois, une femme épanouie dans son travail avec un poste à responsabilité. Thibault avait choisit de ne pas rester médecin de campagne et était arrivé très vite dans la capitale pour se confronter à la misère et aux humeurs physiologiques. Il était passionné par cette ville grouillante et cet accaparement par le travail.
Et puis soudainement, ou par un déroulement du temps anodin, la situation devient plus grave, la violence du quotidien, sourde au départ, devient réelle. « Les heures souterraines » prennent consistance pour donner une pesanteur.
L'entreprise brise peu à peu Mathilde. Ce système de fonctionnement, clos, aux conventions de communication, l'enserre comme élément perturbateur à la productivité. L'efficacité professionnelle et l'hypocrisie confortable ont, un jour, trouvé une faille humaine et un chef va l'utiliser pour anéantir ce qui a fait revivre Mathilde. Les pertes de repères professionnels se suivent, de détails, ils deviennent un engrenage déshumanisant où le silence et la honte sont les premiers maillons.
De son côté, Thibault se retrouve confronté aux misères, isolements, petits et grands maux des hommes en ville. Toujours sur la brèche, en action ou dans les embouteillages, entouré de bruit, il sillonne Paris : réseaux de routes, logements en pagaille et pourtant solitude. Avec le temps et ce rendement horaire obligatoire, les relations humaines lui manquent, de celles qui stabilisent, apaisent, soutiennent. Son amour du moment manque de cette consistance, l'échange de fluides ne règle pas ce qu'il aurait pu prendre pour un décalage de rythme, de langage. Il reste maladroit de n'être pas incarné en dehors d'un lit.
La ville et l'entreprise ne permettent plus cette récupération corporelle qui donne envie d'un autre jour. le temps défile comme les jeux de cartes personnifiés que s'échangent les mômes et au fur et à mesure, Mathilde et Thibault se perdent.

l'avis complet sur le lien
Lien : http://iam-like-iam.blogspot..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}