AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mh17


« Depuis que Dieu n'existe plus, depuis que nous ne croyons plus que quelqu'un nous observe, notre vie manque de finalité. »

Le roman (1997) nous raconte la folle journée d'un écrivain médiocre qui ne peut pas se regarder dans le miroir. Et pas seulement à cause de son grand nez. le narrateur qu'on surnomme Cyrano est un écrivain à succès : il arpente depuis des années la rue Durban pour espionner ses plus misérables habitants afin d'en faire les protagonistes de sa trilogie réaliste en cours. Il est marié à Carmina et père de Bruno, un enfant qualifié d« horrible » Mais ce jour là, tout déraille. Rosita sa maîtresse et belle-soeur menace de le plaquer après sa conférence rue Verdi qui a lieu le soir même. Au lieu de préparer son discours habituel sur la « Structure mythique du héros », il décide de l'éblouir en se lançant dans un discours sur l'espionnage dans le travail d'écrivain, thème ô combien plus alléchant. Et de se remémorer divers épisodes de sa vie d'espion, interrompus par la réalité banale, triviale, parfois dramatique et sa réflexion personnelle, comme dans la vraie vie ou comme dans un roman moderne. Les frontières entre réalité et imagination, s'estompent peu à peu. Celles entre auteur, narrateur et personnages aussi.

Le fait est que le lecteur espionne ce curieux personnage en jubilant. On se demande bien évidemment s'il va partir avec Rosita ou rester avec Carmina et son enfant. Bruno est d'ailleurs le seul personnage de sa famille qui n'espionne pas (c'est pourquoi il semble cinglé). Cyrano se souvient qu' enfant, ses parents l'ont envoyé espionner Dali à Cadaques. Sa mère voulait savoir si dans la vie ordinaire, le génie était un génie. Ce qui nous vaut une des scènes les plus bidonnantes du livre. Plus tard, à Antibes, il a sonné chez Graham Green son idole. Il a rencontré aussi dans le train un ex-agent double véritable, tout droit sorti d'un roman de John le Carré. Il envisage de se servir de son témoignage à la conférence mais doute de la pertinence de la raconter tout en nous la racontant bien évidemment. Et il note la ressemblance physique avec un soupçon d'imagination entre l'agent-double et lui. le souvenir plus ou moins bidon est transformé sous nos yeux en littérature sous la pression de la belle Rosita-Shéhérazade. Mille et une allusions à la littérature sont utilisées par l'écrivain Cyrano et son double malicieux, Vila-Matas. Je vous laisse le plaisir de les identifier.

Je poursuivrai ma découverte de Vila-Matas avec gourmandise.


Commenter  J’apprécie          4912



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}