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Critique de Opuscules


Bird, c'est Charlie Parker, c'est le jazz qui susurre des mots lancinants au creux de l'oreille, c'est la vie effrénée qui improvise.

Bird, c'est le saxo qui sort le coeur de sa cage, c'est le bebop et l'alto qui explosent en une constellation étincelante.

Bird, c'est un musicien à la rue, c'est celui qui colle son oreille contre les portes des clubs qui lui sont interdits pour grappiller au vent quelques notes suaves. C'est l'homme invisible, qui illumine les trajets sur la ligne 14, celui que l'on regarde à peine et dont on voudrait pourtant retenir les accords éternels. Bird, c'est ce père qui a préféré se faire passer pour mort plutôt que d'entrainer sa fille unique dans la déchéance, c'est celui qui erre désormais dans les rues de Paris, devenu professionnel de la débrouille et de la survie.

Bird, c'est aussi Cécile, rescapée de la brune qui cherche obstinément à croiser son saxophoniste de père au détour d'une maraude du SAMU social. C'est l'écorchée au grand coeur qui tente de recoller les morceaux de son histoire.

Bird, c'est enfin le roman noir de la rue, de la pauvreté qui plante des tentes en bord de périf et qui se regroupe à République pour noyer sa solitude. C'est le conte urbain du chacun pour sa gueule qui fait esquiver le pire – en tout cas qui fait survivre jusqu'à demain. C'est la fable tétanisante d'une violence omniprésente, celle des descentes bourgeoises et des matraques ; celle surtout de la société qui a laissé tout un pan d'elle-même sombrer inexorablement dans les recoins sombres que seule une poignée d'âmes charitables hante encore, avec pour seules armes du café chaud et de l'humanité à revendre. Bird, c'est la plume cinglante de Marc Villard au service des laissés-pour-compte, c'est l'âpreté de la vie quand elle n'est plus que survie, c'est le combat de tous les jours pour parer les coups et rester humain, coûte que coûte.

Bird, c'est un roman fort comme une déflagration, qui a l'odeur de la clope froide, de la sueur et de la bière ; celles des caves lorsqu'on pouvait encore y entendre des boeufs endiablés, lorsqu'on pouvait encore y croiser la vie primitive.
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