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Citations sur Pèlerin d'Orient : A pied jusqu'à Jérusalem (9)

- Tu as peur de ne pas exister suffisamment, n'est-ce pas ? Peur de n'être que le jouet de Dieu ? Tu voudrais ne plus sentir les ficelles du marionnettiste te diriger du Ciel ?
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Antioche : je la nomme ainsi car je ne suis pas venu voir l'Antakya moderne des Turcs, mais plutôt la ville des premiers chrétiens, celle où saint Pierre et saint Paul ont parlé du Christ aux païens qui s'éveillaient à la foi. Dans une immense caverne au pied des montagnes qui surplombent l'Oronte, la tradition situe la première église du monde. Pierre, Paul et Barnabé y ont prêché. J'ai ajouté 150 kilomètres à mon périple pour venir ici. Dans mon parcours à remonter les siècles, Antioche représente, après Nicée, ma véritable porte d'entrée en Terre sainte, celle des premiers apôtres. La Palestine est toute proche. La terre du Christ.
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Au petit matin, après une nuit pénible dans l’arrière-salle enfumée du café, je trouve toutes les portes closes. Impossible de m’attarder jusqu’au réveil de mes hôtes car une dure et longue étape m’attend. Après avoir déposé un mot de remerciement sur le comptoir pour Quasimodo, j’ouvre la fenêtre, l’enjambe et m’éloigne rapidement, comme un voleur.

Cette journée restera l’une des plus éprouvantes de mon périple. Je suis malade depuis trois jours et l’âcreté de l’atmosphère enfumée du café a achevé de me prendre à la gorge. Chaque goulée d’eau pourtant tellement indispensable devient si douloureuse que je préfère souffrir de la soif. En trois jours, j’ai parcouru 140 km et j’en ai prévu 45 de plus pour aujourd’hui, y compris le passage du col de Gezbeli à près de 2 000 mètres. La raison aurait dû m’arrêter, mais où ? À Develi, j’aurais pu coucher une nuit supplémentaire à l’hôtel, mais j’ai voulu profiter de la fenêtre météo favorable. À Bakirdagi, je n’aurais pas pu abuser plus longtemps de l’hospitalité de Quasimodo. Si l’on m’accueille parfois à bras ouverts, mon passage doit rester bref. La meilleure volonté s’épuise rapidement devant un étranger qui s’incruste.

Avancer. Avancer toujours. Je n’ai pas d’autre choix.
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La route de terre battue zigzague en pente douce au-delà du col, épousant le flanc des montagnes qui, après la nudité absolue des versants anatoliens, commencent à se piqueter de pins noirâtres. Ce devrait être du gâteau, la cerise sur le gâteau d’un franchissement réussi, mais, en ce jour éreintant, même la descente est éprouvante.

Je suis exténué.

Je m’arrête de plus en plus souvent, doublé par quelques véhicules traînant derrière eux un nuage de poussière. Malgré mon accablement, je n’ai aucune envie de monter à bord, mais comme la route est dure ! À l’épuisement des derniers jours s’ajoute le contrecoup d’avoir mis derrière moi ce fichu Taurus qui m’effrayait tant. Ce passage ouvre béantes les vannes de la fatigue indéniablement accumulée depuis Istanbul. Je craignais tellement ce col que j’en ai rêvé toute la nuit : comme si ce n’était pas suffisant de le passer une fois !
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Au couvent Saint-Serge de Maaloula, un des deux moines syriens qui l'habitent, le père Georges, m'accueille avec bienveillance. Le jeune religieux de 35 ans à la barbe soigneusement taillée et aussi noire que sa soutane me vante fièrement les lieux dont il a la charge : le monastère gréco-catholique remonte au IVe siècle et revendique le titre de plus ancienne église du monde encore dédiée au culte. Mon guide prétend aussi que certains villageois pratiquent toujours l'araméen.
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Le foulard camoufle tout le bas de son visage et ne laisse apparaître que son regard. A quinze pas de moi, il s'arrête. D'un mouvement agile qui dénote une inquiétante routine, il enlève sa kalachnikov dissimulée jusque-là derrière son épaule puis l'arme ostensiblement. Clac ! Clac !
La soudaineté de la menace me prend de court. Par réflexe, je lève les mains en l'air. Cela va bientôt devenir une habitude.
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Peu avant l'entrée dans Baalbek, une mésaventure vient soudainement justifier mes appréhensions : une Mercedes déglinguée freine brusquement et pile devant moi après une queue-de-poisson. De l'intérieur, deux barbus m'apostrophent en arabe. Ils paraissent avoir une trentaine d'années, et leur tête ne m'annonce rien qui vaille. Ils semblent vouloir me prendre en voiture. Je repousse leur offre avec de larges sourires et maintes protestations de gratitudes :
- Je préfère la marche à pied, dis-je avec une naïveté feinte.
Les barbus ne l'entendent pas de cette oreille. Le ton s'élève d'un cran et ils se montrent de plus en plus agressifs. Un des deux hommes ouvre alors violemment la portière arrière de la voiture et m'ordonne de monter. Il n'est plus temps de chicaner.
A ce moment, un 4x4 s'arrête à ma hauteur et son conducteur s'enquiert en anglais :
- Est-ce qu'il y a un problème ?
- Ces gens veulent m'embarquer dans leur voiture, et moi je refuse. Je veux continuer à pied jusqu'à la ville.
Le nouveau venu entame alors une discussion animée avec les barbus. Au bout de longues minutes d'échanges assez vifs, la Mercedes repart en brinquebalant d'un air rageur. Mon bon Samaritain patiente à mes côtés jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'horizon et s'assure que je n'ai besoin de rien avant de redémarrer. Je respire de soulagement et remercie la Providence d'un soutien si opportun. J'ai hâte d'arriver à l'étape et presse le pas, comme si cela devait réduire le risque de rencontre similaires.
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Un cycliste m'avait dit :
- Combien de kilomètres par jour ? Trente ? Comme les armées des grands empereurs en campagne : de César à Napoléon, les centuries ou les régiments n'ont su avancer qu'à ce rythme des hommes en marche.
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A vouloir tout prévoir et calculer méticuleusement tous les risques, on ne part jamais.
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