AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


Un homme et son fils, partis en Bavière puis en Irlande en quête de l'absente, épouse et mère subitement disparue au petit matin. Ils ne la retrouveront pas. le fils ne le sait pas ; le père, si. Normal, il l'a tué. Par accident, peut-être. Mais tué quand même. Et depuis ce jour c'est l'hiver.

« Ils ne savent pas qu'il funambule au bord de la vie. Même si une résistance, misérable mais obstinée, le retient d'inverser le cours de l'histoire et de jouer son va-tout. Ils ne savent pas, eux, ce que c'est d'avoir tué sans avoir voulu tuer. Ils ne savent pas ce que c'est que de mentir au monde sans jamais pouvoir se mentir à soi-même. »

Depuis ce jour, dans une torture interne permanente que seul son métier de jazzman atténue un peu, le père donne le change. Ce road-trip improvisé va le mettre face au mur de ses contradictions : a-t-il le droit, a-t-il le choix comme le chante Bill Evans, de croire aussi à la possibilité du printemps ?

« Il donnerait tout ce qu'il a pour quelques semaines, quelques mois de joie simple, de rémission, cela ne ferait de tort à personne, ne déplacerait pas une virgule du grand récit, ne l'empêcherait même pas, un jour, de mourir avec son âme ensanglantée. Oui, il donnerait tout ce qu'il a pour un laps de printemps. »

Habile, touchant, simple et affranchi des codes, Il faut croire au printemps de Marc Villemain est un livre piège, qui m'a insidieusement embarqué page après page, sans que j'en ai pleinement conscience jusqu'au moment de le terminer, à regret.

Je me suis retrouvé lecteur schizophrène, d'abord agacé des digressions contemplatives cassant le rythme du livre, avant de les apprécier une fois acté que la trame se foutait bien du rythme ; étonné devant cet improbable binôme père-fils, avant de me sentir intégré à leur formidable complicité.

« Il est content de ces moments passés avec son fils. du sentiment d'évidence qu'il éprouve dans ce genre de circonstances qui n'engage pas à grand-chose, de ce que cela dit d'eux et de ce que, l'air de rien, ils construisent l'un l'autre ».

C'est beau, c'est touchant un homme qui doute, et Marc Villemain sans jamais l'affranchir de son crime, sonde l'âme du coupable et les affres de la possibilité d'un après où l'amour et la vie redeviendraient possibles, sans effacer le passé. Et c'est réussi !
Commenter  J’apprécie          360



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}