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Critique de veraparsy


Ils n'ont pas renié le bon fils... il fallait voir plus loin que le bout de leur nez. S'ils avaient réglé justice au sein de la cellule familiale peut-être qu'il n'y aurait pas eu ces conséquences retentissantes et sonnantes, il voulait simplement être "reconnu", tant pis pour eux...
Bravo pour son courage, oser parler d'un fait aussi dramatique pour ne pas dire innommable et à peine croyable (pas un producteur de cinéma pardi, un frère de sang!! Un frère, qui devrait protéger, donner sa vie pour l'autre, se réjouir de ce lien unique... Enfin je ne sais pas, c'est ma conception, c'est comme cela que j'élève mes enfants!) et surtout aussi peu de temps après les faits (beaucoup se réveillent après 30 ans, s'ils se réveillent un jour... car beaucoup se suicident en effet, surtout parmi les petits garçons).
Le ton est pudique (en effet, les détails des faits on s'en doute, pas la peine de s'étendre là-dessus, on pourrait vomir nous aussi!) et aussi neutre qu'on puisse l'être dans cette situation (quelle retenue de jugement de valeur du père, du frère, de la mère...).
Quel courage d'avoir réussi à s'extirper de cette "secte" (pas seulement au sens religieux) avec le patriarche / gourou qui tient toutes les ficelles (et sait y faire, en fin politicien), avec tous ces codes et ces rites.
Bravo d'avoir su écouter son intuition, cette voix au fin fond de soi-même, sans aide d'un psy apparemment, si jeune, à avoir réussi à prendre de la hauteur sur ce microcosme pratiquement mormon dans lequel il a grandi. C'est très impressionnant. Oui, il n'y a rien d'anormal qu'un petit de 4 ans affectionne une enfant de son âge, un ado de 12 s'enflamme pour une fille, et à 16 ans s'intéresse au corps féminin. Il n'y a aucune déviance, il n'y a rien de malade à cela, et quand bien même si l'on désapprouve cela, ce n'est pas un crime, pourquoi ce traitement comme s'il était une anomalie (il n'est juste pas menteur et hypocrite plutôt...) pourquoi dévaloriser un enfant qui se construit... Et lui faire la morale à lui, alors qu'on SAIT qu'un autre commet l'impensable en plus au sein du foyer (peut-on imaginer pire? Je ne crois pas...) est un comble de cruauté et de cynisme.
L'auteur est une victime double ici, de son frère mais aussi de sa famille (la pire partie d'ailleurs on dirait) qui, mise à l'épreuve, révèle finalement qu'il n'y a pas de place ni d'amour pour lui. Devenu un paria, un élément de gêne pour la carrière du père mais aussi les conventions sociales, on le préfère quasiment voir mort (loin a minima) plutôt que de le voir parler. le prix de sa vie les aurait davantage arrangés. On se préoccupe du suicide potentiel du frère plutôt que du sien (et c'est absolument révoltant).
Il a le courage incroyable (et sûrement rare) d'amener le sujet sur la table auprès de ses parents et leur réaction est choquante au plus haut point. C'est encore pire que du déni. Leur attitude de fuite est un crachat dans son visage, équivalent à dire "Tu n'es rien pour nous".
Le livre est empreints de détails déchirants, comme le manque de soutien ne serait-ce que par le regard des frères et soeurs (à quoi bon une telle fratrie si ce n'est pour être forts ensemble..), la manipulation continuelle (le frère qui pour une fois est gentil, mais ce n'est que pour profiter de la naïveté de l'enfant et mieux le piéger), le père qui au lieu de soutenir son fils s'en lave les mains avec une phrase assassine ("ce n'est pas mon problème"), la mère qui sait mais n'a jamais rien dit, le détail des GI Joe symboles d'innocence et servant d'alibi pour le frère en cas de surprise...
Je comprends le sentiment (bien que bien injuste) de souillure, de néant, de vouloir se mutiler ou se supprimer car c'est un fardeau à vie (et je crois, qu'à défaut d'une justice officielle, une autre forme de justice a eu lieu grâce à la médiatisation de l'affaire. Car aussi incroyable que cela soit que le frère ait pu poursuivre une carrière classique, il semblerait que la honte et l'infamie poursuivra de toute façon ce dernier jusqu'à la fin de ses jours). le sentiment de culpabilité des victimes dans ce contexte en revanche (on a volé son enfance et détruit sa vie, et ce n'est pas l'inverse) est plus difficile à comprendre quand on a eu la chance de ne pas avoir vécu cela. C'est sans doute la colère ayant fait place à la culpabilité qui l'a sauvé. Une colère à l'égard du frère et de la famille qui n'a pas fait son "devoir" (mot qu'elle aime pourtant tant employer, c'est d'une ironie...).
Si on ne sait pas protéger, quel est le sens du mot "famille"? Les enfants méritent tous les jours qu'on leur dise combien on les aime, combien ils nous apportent du bonheur, les enfants c'est la vie (un anti dépresseur naturel pour tant de grands-parents!), c'est tout le sens de la vie, notre continuité, l'avenir de l'Homme, nous ne sommes pas grand chose en réalité si l'on veut bien s'y pencher un instant... Comment peut-on ne pas protéger ce qui existe de plus précieux en CE monde? Je connais le modus operandi de ces familles conservatrices pour qui l'apparence prime sur l'humain. Quelle joie de briser cette omerta et de torpiller ce château de cartes qu'ils mettent une vie à construire, de les mettre face à leur égoïsme et leur hypocrisie, de leur démontrer que leurs actes n'accompagnent pas leurs paroles ou leurs grands principes, surtout celui de la "famille". Ah ça ils en font des enfants. Mais c'est de la construction sociale, du mimétisme et de la convention qui n'a rien d'humain. Les enfants sont juste là pour valoriser leur ego, démontrer leur réussite sociale. Pour les aimer, les protéger et les soutenir il n'y a plus personne. Même un animal ferait mieux, car parfois trop de sophistication tue l'humain. Pas toutes évidemment. Mais dans le cas présent, ils méritent totalement ce déshonneur. Rien de mieux qu'un livre pour rétablir la vérité et la justice (et opérer une vengeance comme avec le retentissement formidable du livre "Le Consentement" par V. Springora). Il faut je crois, dans un premier temps, accepter qu'on a besoin de vengeance et de justice afin de trouver ensuite un sentiment de sérénité.
Oui, la solution semble couper tout lien avec cette famille qui n'en est pas une (digne de ce nom) et non pas "reconstruire" mais "construire" une vie comme il dit pour être heureux. J'espère qu'il aura trouvé paix et sérénité. Il ne trouvera celles-ci qu'en lui-même, comme finalement chacun d'entre nous, mais avec un chemin plus ou moins long.
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