Citations sur Blizzard (312)
...Je ne vois rien. La neige s'envole du sol en tourbillons et lorsque je lève les yeux vers le ciel c'est une vraie purée de pois. L'air est incolore, comme si toutes les couleurs existantes avaient disparu, comme si le monde entier s'était dilué dans un verre d'eau.....Je tourne le dos au vent, appuyée sur ce que je suppose être un rocher. À moins que ce ne soit un ours qui hiberne, ce qui règlerait mon problème. Je ne parviens pas à réfléchir à la conduite à tenir, mais je vais me transformer en bonhomme de neige si je ne bouge pas.
Dans ce coin, même en été, on n’éprouve jamais cette sensation de cuire sous les rayons du soleil, c’est tout juste s’ils vous réchauffent les os. Juste assez pour croire que vous allez avoir chaud, mais cela n’arrive jamais.
(page 25)
Mais, quelle que soit la technologie utilisée, l’homme trouvera toujours un moyen inédit de blesser, de trancher, d’amputer ses frères à n’en plus finir, c’est dans sa nature. La guerre reste la guerre. Elle terrifie et galvanise en même temps. Elle banalise le fait que vous puissiez tuer d’autres êtres humains, juste parce qu’on vous a dit que vous aviez une bonne raison de le faire, que vous étiez le tenant du bien contre le mal. Il y a toujours une bonne raison pour justifier que nos enfants se fassent sauter sur des mines, qu’ils reviennent écharpés, silencieux comme des ombres, incapables de mettre des mots sur ce qu’ils ont vu.
Oui, c’est vrai, j’ai dormi, pour que la douleur reste enfermée dans mon corps, qu’elle pénètre chaque cellule de chaque organe et ne fasse plus qu’un avec moi, moi qui avais failli pour un plaisir dérisoire que je n’ai jamais trouvé. (p.111)
Ce n’était pas la même époque ni le même décor, les conflits étaient moins meurtriers pour les soldats. Mais quelle que soit la technologie utilisée, l’homme trouvera toujours un moyen inédit de blesser, de trancher, d’amputer ses frères à n’en plus finir, c’est dans sa nature.
Petit à petit, pendant un an, et malgré mon incrédulité, j’ai réussi à remonter le fil du parcours de mon frère, en descendant en Californie, en traversant le Nouveau-Mexique, le Texas, l’Arkansas, en zigzaguant de l’Illinois à l’Ohio, de la Caroline du Nord à la Virginie, pour finalement arriver à quatre mille cinq cents miles de la maison, à New York.
(page 77)
Quand je lui demandais comment il faisait pour savoir tout sur tout, il souriait. Il disait qu’il était loin de tout savoir, mais que le plus important, à part l’expérience, c’était de faire confiance à son intuition pour se sortir des situations délicates. Papa était convaincu que rien ne remplaçait notre instinct d’homme primitif, qu’il fallait s’écouter et écouter la nature. Si nous étions suffisamment attentifs, elle nous donnait toutes les indications utiles rien qu’à la manière dont le vent avait tourné ou les oiseaux cessé de chanter.
Elle me disait des choses dont je ne veux plus me souvenir. C’était si violent et mérité de ne pas être aimée. (p.73)
Après, peu importe ce qui arrivera. Même si je finis en prison, même si je suis précipitée hors de ce pays glacé, je suis sûre qu’en fermant les yeux j’arriverai à me rappeler cette terre qui m’a ramenée à la vie, me rappeler la palpitation du cœur sous la glace, le froid dehors et la flamme à l’intérieur.
(page 178)
Mais, quelle que soit la technologie utilisée, l’homme trouvera toujours un moyen inédit de blesser, de trancher, d’amputer ses frères à n’en plus finir, c’est dans sa nature. La guerre reste la guerre. Elle terrifie et galvanise en même temps. Elle banalise de fait que vous pouvez tuer d’autres êtres humains, juste parce qu’on vous a dit le tenant du bien contre le mal.
(page 120)