Quand je lis certains livres, je me demande toujours s'ils trouveront leur public, même si, bien sûr, je le souhaite.
L'on parle peu, très peu de la guerre d'Algérie – des « événements », disait-on à l'époque, des « événements », disent encore certains (si), pour qui rien ne semble s'être passé, là-bas. Aussi c'est avec intérêt que j'ai lu ce livre, très bien documenté, qui nous parle de ce qui se passait là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée, qui nous parle aussi de ce qui se disait, en France, du côté des intellectuels « rive gauche ».
Albert Camus paraît seul – et pourtant. Il a une vie amoureuse que je qualifierai de riche, de complexe. Il était partagé entre plusieurs amours, qui lui inspiraient, pour chacune des femmes qu'il a aimé, des lettres passionnées. Il était partagé entre la France et l'Algérie, lui qui est né, a grandi, a étudié sur la terre algérienne, lui qui craint chaque jour pour sa mère, lui qui sait également la misère qui règne là-bas.
Albert Camus écrit beaucoup, et n'est pas toujours compris par ceux qui sont sûrs de la justesse de leur position, par ceux qui n'ont pas vécu là-bas. La violence et l'horreur des « événements » (oui, je garde le terme) nous sont racontés, et je me demande ce que l'on en savait réellement en France, à l'époque. Mais… il est tant de faits qui paraissaient « normaux » à l'époque, qui peut-être paraissent encore normaux aux yeux de certains, au nom du « la fin justifie les moyens ». En étant aussi elliptique, j'ai l'impression de passer à côté de ce qui s'est joué à cette époque, en Algérie, en France, des tourments, bien réels, vécus par
Albert Camus. Et pourtant, ce livre nous parle de lui, de cette époque, de tout ce qui a été vécu, enduré, souffert.
Un livre à découvrir, pour ceux qui veulent en savoir plus sur la vie d'
Albert Camus et sur ses liens avec sa terre natale.