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Critique de Pchabannes


Les vacances ou la déception annoncée de l'Homo turisticus
ou le passage du tourisme comme modalité de l'éducation (XVIIIe) au tourisme comme modalité d'insertion sociale (XIXe et XXe siècles) puis, de nos jours, sa transformation en “industrie de l'irréel chargée d'agréger des atomes rigolards autour d'une proposition festive”.

Voici qu'approche la période des grandes migrations estivales, propice à l'épanouissement des hédonismes sans entraves et à des extases fugaces. Comme les gnous, des hordes de touristes vont déferler sur des rivages et des alpages prétendument édéniques, en quête d'un idéal voué, le plus souvent, à la déception. Certes, “aucun voyage n'est aussi beau que ceux dont on rêve”, notait Morand, mais là ne gît pas seulement la raison du désenchantement du voyageur.

Contrairement à ce que pense, dans sa candeur, l'Homo turisticus, la nature peut se révéler capricieuse, vicieuse et pleine de traîtrises. Celui-ci “croit dur comme fer que la montagne et l'océan sont des symboles du mot bonheur ; qu'ils n'ont été inventés que pour servir d'écrin à la perfection de son divertissement. le moindre accident dans ces conditions est un scandale ; et un coup de canif dans le contrat festif ”.

Par ailleurs, le rapport personnel à l'Autre est, dans la majorité des cas, source de désillusions plus que de satisfactions. À son retour de voyage l'Homo turisticus, incapable d'abolir ou même de minimiser sa différence, dresse, à cet égard, un bilan globalement négatif. Pourtant, malgré ces mésaventures à répétition, le voyageur ne renonce pas et persévère dans ses calamiteuses expéditions sous des cieux stupidement bleus et sur des rivages immuablement paradisiaques.

À notre Homo Turisticus, en proie à un bougisme programmé, Marin de Viry, auteur d'un petit pamphlet Tous touristes, suggère qu'il serait plus exotique “de se trouver soi-même en restant sur place que de se trouver vide en se déplaçant”. Sans doute, mais voilà qui ne convaincra guère les masses touristiques de ne pas céder à ce que Céline appelait “un petit vertige pour couillons”.

Tous touristes, de Marin de Viry, Flammarion, coll. “Café Voltaire”, 126 pages, 12 euros.
D'après Bruno de Cessole in La Revue des Deux Mondes, 1er Juillet 2010.

Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
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