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Critique de Tandarica



Ce que j'ai le plus aimé c'est cette couverture avec l'illustration de Michel Piérart ainsi que la dédicace à « Daniil Harms et à tous les écrivains morts dans les geôles du pouvoir ».
La pièce est parodique, comique et tragique en même temps. Dans les fantaisies (ce jeu d'argent de la « roulette aux passants » notamment) et les cauchemars des malades mentaux, Stalin apparaît régulièrement et le cliché du dirigeant adulé est littéralement terrifiant. Sa mort déclenche parmi les patients le même comportement délirant que celui du peuple qui se sent orphelin.
La formule tragico-magique, sorte de leitmotiv de la pièce résonne encore dans ma tête « un nouveau pays où personne ne pourra plus jamais foutre personne dans la merde », pourtant le ressort comique fut quelque peu bandé en ce qui me concerne. le dramaturge use et abuse de la répétition comme figure qui finit par défigurer le style et je me suis fait un peu violence pour lire jusqu'au bout.
Il y a de nombreux personnages, mais comme l'indique l'auteur sur son site on peut compter « 20 rôles interchangeables avec un nombre minimum de comédiens : 5 (2 femmes, 3 hommes) ». En plus de la vingtaine de malades et de Staline, il y a l'écrivain Iouri Petrovski, le directeur de l'hôpital Grigori Deknozov, son adjoint Stepan Rozanov, l'assistante médicale Katia Ezova, ainsi que d'autres membres du corps médical.

Cette présentation de Matéi Visniec me semble importante à lire également :

« En 1953, à Moscou, quelques semaines avant la mort de Staline, le directeur de l'Hôpital Central des Malades mentaux imagine une expérience particulière : il invite un écrivain pour un séjour au milieu des malades et lui demande de réécrire, au niveau d'entendement des débiles légers, moyens et profonds, l'histoire du communisme et de la Révolution d'Octobre... La direction croit que cette “thérapie” pourrait guérir certaines maladies mentales... Cette pièce nous propose une réflexion autour du rapport entre l'homme et l'utopie. L'un des plus grands drames du XXème siècle c'est que le communisme n'a pas réussi. L'utopie qui, au départ, devait résoudre tous les problèmes de l'humanité a laissé à l'arrivée un paysage défiguré parsemé de plus de 100 millions de morts. L'être humain se trouve, semble-t-il, dans la situation paradoxale de ne pas pouvoir vivre sans concevoir des projets utopiques, et d'échouer dans l'horreur chaque fois qu'il met en pratique ses utopies. Comment sortir de cette condition existentielle douloureuse, voilà la question. »

La pièce met en scène aussi Nadejda Alliloueva, la deuxième épouse de Staline, et évoque sommairement Maria Spiridonova, dont on apprend seulement par une note complémentaire qu'elle était la dirigeante historique des socialistes révolutionnaires, parti que les bolcheviks ont toléré jusqu'en février 1919. En décembre 1918, Maria Spiridonova condamne vigoureusement la terreur pratiquée quotidiennement par la Tcheka (la police politique créée le 20 décembre 1917 en Russie sous l'autorité de Félix Dzerjinski pour combattre les ennemis du nouveau régime bolchevik) ; elle est arrêtée en février 1919 et condamnée par le tribunal révolutionnaire à la « détention en sanatorium étant donné son état hystérique ». Il s'agit selon l'auteur du premier exemple, sous le régime soviétique d'enfermement d'un opposant politique dans un établissement psychiatrique.

Terrifiante et sans commentaire possible aussi l'information qu'on apprend de la bouche de « la cinquième femme » page 39 : « nous avons économisé un nombre important de wagons, soit au total 37 548 mètres linéaires de planches, 11 834 seaux et 3400 poêles ! ». Il s'agit de l'extrait d'un rapport signé par un certain Milstein fonctionnaire de la NKVD concernant l'efficacité de la déportation des peuples du Caucase en Sibérie, entre novembre 1943 en juin 1944 grâce au fait que dans chaque wagon à bestiaux étaient entassées 45 personnes au lieu de 40.

Une lecture en demi-teinte pour moi.
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