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Critique de Beaugeste


À force de trop habiter son écriture, un écrivain risque d'expulser complètement ses lecteurs potentiels de son territoire mental (et de son livre).
C'est exactement ce qui m'est arrivé ici : manquant d'air, au bord de la suffocation, je pris rapidement fuite. J'abandonne.
Et pourtant, faut reconnaître que j'avais été averti d'entrée de jeu.
Dans une note introductoire et très sibylline, William T. Vollman m'avait bien prévenu que ses histoires étaient censées conduire le lecteur jusqu'à un terminus où l'attend... «une épitaphe» !!
Au secours !! « Excusez la poussière », Miss Parker, mais moi je vais me tirer avant le pire..!
Le premier récit, «Le Spectre du Magnétisme» , le seul que j'aurai réussi à lire jusqu'au bout (je me demande comment d'ailleurs...) m'a immédiatement fait penser au très illisible William S. Burroughs, à cette écriture qui m'est personnellement insupportable, au style abusivement hasardeux et elliptique, façonnée quasiment au «cut-up», volontairement sans queue ni tête, procédé littéraire qui avait peut-être pu trouver tout son sens à un moment donné mais qui, depuis, a largement fait son temps...
Quel intérêt, dites-moi, à refaire aujourd'hui, par exemple, la «Fontaine» de Duchamp ou le «Carré Noir» de Malevitch?
Exercice littéraire qui s'avèrerait donc, de mon point de vue, purement gratuit et vide.
Baise et défonce, alcool et prostituées, junkies et psychopathes, vieux cons et paumés, pornographie et armes à feu, personnages néanmoins sans aucune épaisseur humaine, le tout jeté en vrac...Récits censés être enrobés, selon la quatrième de couverture du livre, d'un « style à l'élégance monstrueuse» - pourquoi pas ?- mais qui à mon sens ne fait autre chose que regarder son nombril, ou encore censés explorer «les mécanismes de la perte» mais qui n'en extraient pour autant rien d'exaltant ou de sensible, rien de vivant ou de poétique... À quoi bon alors tout ce tapage?
Toujours dans sa note introductoire (je crois que finalement c'est ce que je préfère dans ce livre..), l'auteur, dans ce qui ressemblerait à une sorte de fulgurance autocritique - ou peut-être juste à un tic postmoderniste ? -, se demandant si, malgré ses convictions, il n'avait pas «raté» son début, finira par conclure que cela n'a absolument aucune importance : de toute façon, «les mots sont froids et morts», déclare-t-il.
Oui, tout à fait d'accord, Bill!
On essaie de recommencer mieux ailleurs, oké ?
Quant à moi, je ferai mieux d'aller dépoussiérer mes Bukowkski et mes Cossery...



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