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Critique de Bruidelo


M'y revoilà donc, dans l'univers post-exotique de Volodine & co, pour une nouvelle expédition, dans les Songes de Mevlido, dans un réel de la puanteur, dans un monde où, comme vous le savez, la barbarie l'a emporté, mais où résonnent encore bien des slogans:
« Égare-toi, reprend à zéro tes vieux rêves! »
On s'y égare donc, dans les Songes et mensonges de Mevlido, portés par la puissance des obsessions post-exotiques, la force des images, l'atmosphère si particulière, dense et fascinante. Il y a la lune qui bloque la voie, se vautrant sur les rails, et l'impuissance face à ses démonstrations d'arrogance. Il y a un chant coréen, une mélopée d'après la défaite, qui cherche à rendre leur fierté aux vaincus. Mais qui bien sûr n'empêche pas le néant de se rapprocher à grande vitesse.
Ce n'est pas un monde rigolo que nous dresse Volodine, on y naufrage, on y sombre fou. Mevlido a beau s'exhorter à inspirer profondément l'idiotie et l'aveuglement, il n'arrive pas à apprécier la somnolence qu'ont apportée les vainqueurs.
Il n'arrive pas non plus, mais alors pas du tout, à remplir sa mission. L'échec prend une ampleur encore plus impressionnante ici que dans d'autres récits post-exotiques. Une dimension quasi-mythique, je dirais, avec ces Organes qui nous surplombent. Les hominidés sont devenus pour eux une source d'inquiétude :
«ils sont descendus à un niveau de barbarie et d'idiotie qui étonne même les spécialistes. C'est devenu une espèce inexplicable. Ils sortent de plusieurs guerres d'extermination, mais déjà un nouveau conflit est en vue… Des continents entiers sont à présent inhabitables… Les classes dirigeantes se sont gangstérisées, les pauvres obéissent. Les uns et les autres se comportent comme s'ils étaient déjà morts et comme si, en plus de ça, ils s'en fichaient.»
Manifestement, l'Humanité est entrée en phase d'extinction. Les Organes décident alors de réactiver leur ancien programme de compassion, et ils envoient Mevlido en immersion dans la barbarie humaine «afin de discerner quelques pistes pour le futur». Bon, je vais me contredire, mais en fait, si, il y a quand même dans ces ersatz de dieux, dans cette Bureaucratie olympienne décidant du destin de l'Humanité, où certains vont soutenir notre héros quand les autres auront décidé de l'abandonner, un truc que j'ai trouvé assez rigolo. Bien vu aussi, la mise en scène de l'écrivain «influencé par le post-exotisme», Mingrelian, «consterné par l'inexorable ratage de tout».

Malheureusement, dans la dernière partie, trop répétitive à mon goût, la fascination que provoque souvent chez moi le post-exotisme s'est ratatinée - mais c'est peut-être que l'atmosphère se faisant un peu lourde aussi du côté du monde réel, j'avais besoin de plus de légèreté dans celui des Songes?
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