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Critique de ODP31


Conte des mille et une désillusions.
Zadig ou la Destinée ou Jamais récompensé de ses bonnes actions ou Pas de bol ou qu'il est difficile d'être heureux dans la vie ou j'hésite entre plusieurs titres.
Zadig dispose d'un CV à faire baver un chasseur de têtes. Non content d'être beau, riche, éduqué, tempéré, charismatique, de donner son nom à une marque de prêt à porter, c'est un être doué de raison. Autant de défauts chez un même homme relève de la science-fiction ou du conte philosophique. Mais ce prince charmant, sorte de Thomas Pesquet babylonien, est malheureux en amour et son passeport accumule les coups de tampons au fil de ses exils.
Inspiré par sa propre expulsion de la cour de Louis XV et par des chagrins de caleçons, François-Marie Arouet, qui a bien fait de prendre un pseudo pour la postérité, trousse cette histoire pour régler son compte à la providence.
Il fait de Zadig un juge de paix qui règle les conflits des autres sans jamais résoudre les siens. Il aura l'oreille des rois, le coeur d'une reine, les cornes à l'occasion, la reconnaissance des humbles et la vindicte des puissants.
Ulcéré comme toujours par l'injustice, l'intolérance religieuse et la bêtise sous toutes ses formes, mêmes les plus avantageuses, Voltaire entraîne Zadig à chacune de ses escales au sommet du pouvoir avant de provoquer sa chute, victime des mauvais coups du sort, des envieux et des jaloux.
Ce que j'adore chez Voltaire, c'est l'ironie joyeuse qui sous-titre le portrait de nos vicissitudes tout en y glissant ses propres rancoeurs. Un philosophe qui met les mains dans le cambouis.
Dans ces moments d'introspections, conversations avec les nuages et débriefings de ses journées de labeur, Zadig comprend que l'homme ne peut maîtriser son destin. le libre arbitre cède le pas à la prédestination car la fatalité est capricieuse. En ce sens, Zadig préfigure Candide, en moins naïf. Voltaire n'avait pas besoin de miroir : il avait ses personnages pour tempérer son optimisme.
Comme dirait France Culture à des heures pas possibles, ce conte tente de répondre à la question : Pourquoi un homme maladivement vertueux ne peut pas être heureux ? Et ben, c'est pas la faute à Voltaire. C'est parce qu'il n'est pas tout seul sur Terre mon petit Caliméro de Mésopotamie et que la vie est un alliage de bien et de mal. le règne du passable.
Lecture saine dans un corps qui l'est moins et pour esprit chagrin , j'ai suivi Zadig dans ses voyages, présentant mon passeport vaccinal entre chaque chapitre par habitude.
Impossible de terminer ce petit billet sans me rappeler du fameux lapsus « Zadig et Voltaire » d'un ancien secrétaire d'Etat il y a dix ans et de déguster d'autres perles d'internautes déchainés à sa suite : « du côté de chez Swatch », « la critique de l'Américan Express », « Ainsi parlait Zara », « Alfa Roméo et Juliette », « Pour qui sonne le Carglass », « Barry Lipton »…
Du réchauffé mais cela m'amuse toujours autant.
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