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Critique de Patsales


J'ai eu la chance d'assister à la pièce de Joël Pommerat sur le début de la Révolution française. Les acteurs installés anonymement dans le public transforment chaque spectateur en protagoniste de l'Histoire. Ici, c'est le même mouvement qui emporte le lecteur jusqu'au 14 juillet 1789.
J'ai adoré les mouvements de foule, mais mon enthousiasme s'est dissipé lorsque Vuillard a tenté de recréer les vies minuscules des anonymes morts ce jour-là. Il imagine leur vie, leurs émotions mais que dire qui ne soit lieu commun? « Hier soir, avec sa femme, ils ont joué aux dés, au lieu de dîner. Les affaires iront mieux le mois prochain. Soudain, à travers je ne sais quelles migrations déchaînées d'images et de mots, le visage de sa femme lui apparaît, un peu inquiet, soucieux. Mais qu'a-t-il donc oublié de lui dire ? Il ne sait pas. Il la trouve belle, tout près de lui. le soir, dans le grenier, on se caresse ; le goût des lèvres, de la bouche, tout cela est si doux, si intérieur, qu'on ne sait le décrire. Chaque homme a son secret.
Il revoit leurs draps blancs. La petite fenêtre. La cour où les enfants jouent. Ah ! que c'est beau et calme la vie, à l'abri, derrière ses souvenirs. À présent, deux types le traînent comme un sac, près du mur. Il a perdu connaissance. L'un d'eux lui tient la jambe et retire ses souliers ; il les enfile très vite, il est pieds nus. L'autre arrache sa chemise et retourne ses poches. Alors, la placière qui se tient derrière nous en silence, notre vie durant, lève enfin la tête et lui demande de la suivre. » Est-ce que Sagault nous est plus proche d'avoir été un bon mari? Je ne pense pas. Ce qui fait de ces hommes et de ces femmes nos contemporains, c'est leur révolte et leur indignation. En en faisant de (piètres) personnages de roman, non seulement Vuillard ne parvient pas à les exalter mais il rendrait presque suspect son 14 juillet dont on n'est plus très sûr qu'il assoit son récit sur des sources rigoureuses. J'aurais apprécié une postface telle celle qui clôt « Au revoir là-haut » en donnant toutes les références dont Lemaître s'est inspiré.
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