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Critique de clairejeanne


Un primatologue est un scientifique qui étudie les Primates, c'est à dire des mammifères comme les singes, les lémuriens et ... les êtres humains ; Frans de Waal est aussi éthologue, il explore et analyse les comportements de ces espèces.
Scientifique universellement reconnu, l'auteur de "La dernière étreinte" affectionne particulièrement les parallèles entre les comportements des singes et ceux des humains ; dans ce livre à nouveau passionnant, il rapporte tout ce qui dans la vie des grands singes - les plus proches des humains, ceux qui n'ont pas de queue, Chimpanzés, Bonobos et Gorilles - peut être comparé à nos propres comportements, dans l'objectif d'éclairer en particulier la notion de genre.

Partant du constat que "les femmes sont toujours la dernière roue du carrosse, dans notre société comme dans la majorité des autres" (p 13), l'auteur revient sur une vision stéréotypée des primates (les mâles "possèderaient" les femelles) qui accréditerait l'idée d'une inégalité hommes - femmes ; en développant en treize chapitres ces thèmes de sexe et de genre (le mot genre est réservé aux humains) et, en traversant les sujets des liens et de la rivalité, de la dominance, de l'agressivité, mais aussi de la réconciliation et du partage, il présente un tableau très fouillé des relations dans les sociétés de singes et d'humains.
Il s'appuie essentiellement sur deux exemples de sociétés de grands singes, qui ont été abondamment étudiées : "Les sociétés de chimpanzés sont des sociétés agressives, territoriales et dirigées par les mâles. Les bonobos sont pacifiques, ils aiment le sexe et sont dominés par les femelles" (p 20) ; deux espèces proches des humains, mais aux fonctionnements opposés, voilà qui permettra des discussions constructives.

À la question, que pouvons-nous apprendre sur nous-même en nous comparant à d'autres primates ? F. de Waal cherche à répondre en interrogeant la notion de jouet (poupée, voiture), d'apprentissage par imitation de la mère ou du père, de la sororité, de la violence, de la position alpha... Il revient régulièrement sur le fait qu'il ne faut surtout pas sous-estimer la biologie ni l'évolution.
Dans ces différentes sociétés de primates, il y a de nombreux points communs dont celui-ci : si ce sont presque toujours les femelles qui s'occupent des tout-petits, les mâles en sont pourtant parfaitement capables puisqu'ils le font pour les petits orphelins de mère...

D'une grande rigueur scientifique, mais plein d'humour, cet ouvrage apporte de nombreuses réponses à des questions que nous sommes nombreux à nous poser : quelle différence entre genre et sexe biologique ? Quelle origine pour le genre : innée - biologique, ou construction culturelle ? Y-a-t'il la même diversité de genres chez les primates que chez les humains ?

Une lecture indispensable pour mieux comprendre qui nous sommes et nos étonnantes similitudes avec nos plus proches parents vivants.

Quelques extraits :

p 29 : "On observe deux types de réaction chez les grands singes à qui l'on donne une poupée. si c'est un jeune mâle, il arrive qu'il la déchiquète - essentiellement par curiosité, pour voir ce qu'elle contient... Si c'est une femelle, en revanche, elle l'adopte très facilement et la traite avec douceur. elle en prend soin."

p 37 : " En Guinée, une chimpanzée de 8 ans (prépubère) accompagnait sa mère partout dans la jungle. Un jour, alors que la mère tenait dans ses bras son bébé gravement malade, le primatologue japonais Tetsuro Matsuzawa a eu la surprise de la voir, l'air inquiet, tendre le bras pour toucher le front du nourrisson comme si elle prenait sa température".

p 103 : " J'ai beaucoup appris en observant les jeux de pouvoir entre collègues : les stratégies de division et de domination, les cliques, les hochements de tête silencieux si quelqu'un critiquait un rival en réunion, les renversements purs et simples. Je me souviens d'un professeur âgé qui se comportait comme "un dos argenté" de notre département mais qui un jour, en réunion, a été attaqué par une coalition de jeunes professeurs qu'il considérait comme ses protégés. Ils avaient dû ourdir leur complot de longue date, car le coup est parti sans prévenir. Après le vote qui signa sa défaite, je n'ai plus jamais entendu sa voix tonitruante. Il errait dans les couloirs comme un zombie. Un an plus tard à peine, il a pris sa retraite. J'avais déjà observé ce phénomène, mais seulement chez les grands singes."
Lien : https://les2bouquineuses.can..
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