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Critique de Lecteurdu75
Touchant, drôle, profond.
À lire absolument, pour laisser les smiles bridés gagner son visage et son esprit !
Septembre, la rentrée, la terminale. Un nouveau dans la classe : beau, intelligent, rayonnant. Saul. Cette arrivée chamboulera la dernière année de lycée de toute la classe… mais surtout celle de deux de ses futurs camarades de classe, avec qui Saul formera le trio central du roman : Jade et Gabriel.
On replonge dès lors au lycée pour vivre à leurs côtés cette année de Terminale, avec ce qu'elle comporte d'amitiés et de disputes, d'amours et de doutes, de travail et de remises en question, finalement de découverte de la vie et de recherche de sa propre identité.
À travers ce roman, Élodie Wang esquisse et décrit avec justesse la complexité psychologique d'adolescents en train de se chercher, les difficultés personnelles et familiales profondes qui se cachent parfois derrière les simples façades que l'on donne à voir au lycée, les questionnements sur l'identité, en l'occurrence chinoise, avec ce que ce concept a à la fois d'essentiel et d'essentialisant.
Élodie Wang rend finement compte de la complexité psychologique d'adolescents encore en train de se chercher au cours des années lycée. Loin de réduire ses personnages aux idéaux-types auxquels on peut traditionnellement s'attendre dans la littérature young adult, elle sait donner à Jade, Gabriel, Saul et leurs camarades, toute la matière et la consistance, c'est-à-dire la profondeur, qui les rend aussi réalistes qu'attachants. On voit ainsi le jeune Saul, en amour comme en amitié, tâtonner, tenter, abandonner, se débattre dans des réflexions qui le noient, s'isoler, ne plus coïncider avec celui qu'il croyait être, s'écarter de l'identité que d'autres avaient choisi pour lui à sa place, revenir à lui, et finalement devenir celui qu'il est… le dispositif narratif est extrêmement bien mené et les changements de focalisation apportent fortement à la construction de cette réalité complexe et réaliste, en multipliant les points de vue subjectifs. Cela permet ainsi au lecteur de mieux saisir des malentendus dont les personnages eux-mêmes sont inconscients en pénétrant leurs moments d'introspection les plus intimes (« C'est une blague ? lâché-je en découvrant Gabriel et un mec, au milieu du salon. Les gens forment un cercle autour d'eux. On est à l'anniversaire de Saul et les gens ne peuvent pas s'empêcher de se lancer dans une baston ? C'est déplorable. (…) Tout à l'heure, Tina m'a dit pourquoi Gabriel s'était énervé contre l'autre gars. Il m'a défendue après l'avoir entendu faire des remarques racistes sur moi »). le lecteur est ainsi vite plongé dans l'intrigue et dans la vie du lycée : grâce à Nos Smiles bridés, plus besoin d'avoir raté son bac pour vivre une deuxième année de terminale !
Mais la vie lycéenne ne se réduit pas à la vie au lycée. Au contraire, Élodie Wang montre à quel point ce qu'on croit connaître de ses camarades de classe au lycée ne recouvre que ce qu'ils veulent bien nous donner à voir. Elle nous fait alors pénétrer dans les coulisses de ses personnages, pour nous révéler toute leur profondeur. Derrière le garçon au premier abord presque hautain et si détestable qu'est Gabriel, le lecteur découvre ainsi un lycéen maladroit, qui doute, rongé par les problèmes familiaux, qui malgré tout fait de son mieux pour ne pas perdre les deux amis auxquels il tient tant : Jade et Saul. le roman décrit le côté fragile des lycéens en apparence les plus forts dans la cour de récréation qui, une fois le masque du lycéen populaire retiré, ressemblent à tout autre adolescent en recherche de repères et d'identité. Au fil des expériences, de leurs premières amours, de la construction d'amitiés fortes, du dépassement des problèmes familiaux, le lecteur assiste à l'évolution de ces personnages, à la manière d'un roman d'apprentissage ou de formation, et c'est ce qui les rend si attachants : « Alors oui, il m'a fallu dix-sept ans pour réaliser que j'avais le droit de me remettre en question, mais aussi de me retrouver, que la vie avance, avec ou sans certaines personnes, que j'ai le droit de m'occuper l'esprit, de faire autre chose, de penser à m'aimer aussi ». Lorsque l'on referme le livre, on s'est ainsi fait au moins trois nouveaux amis : Jade, Saul et Gabriel. Ils ont grandi, et on a grandi avec eux.
Finalement, Élodie Wang ponctue l'histoire de ces trois amis de réflexions profondes. Sur l'éclatement des familles, la tension et l'angoisse qu'elle engendre, à plus forte raison pour des adolescents encore fragiles, la relation entre Gabriel, son père, sa soeur Ophélie et sa mère, illustre la complexité de l'enjeu, entre rancoeur, générosité, haine et pardon. Surtout, on retrouve un thème dont l'importance aux yeux de l'auteure se ressent et se transmet naturellement à ceux du lecteur : les origines chinoises de Jade. Alors qu'au lycée, le regard des autres est encore si important, les remarques racistes se multiplient (le surnom « la chinoise » lui rappelle constamment, tout en l'y réduisant, des yeux bridés qu'elle sait, contre ces attaques, transformer en smile bridé) tandis que Jade elle-même se cherche, en se demandant quelle place accorder à cette part chinoise d'elle-même en termes de culture, de pratiques, de pensées : « En grandissant, tout a paru différent. J'ai commencé par apprécier mes yeux, ma double culture, apprenant à mieux comprendre mes parents immigrés. Il y a un sentiment de fierté qui coule dans mes veines quand je les regarde vivre leur rêve. Fonder une famille, ici en France ». Description de ce moment capital de l'adolescence où, d'une faiblesse, cette part non-française de soi devient une force. Témoignage profond et émouvant qui donne à penser sur les enfants d'immigrés ainsi que sur leur intégration à l'école.
C'est au sein de cette profondeur touchante et passionnante, qu'Élodie Wang parvient à restituer à ses personnages, que se comprend le titre du roman. C'est en surmontant ses propres problèmes, ou du moins en les acceptant, en vivant des moments intenses et uniques, en apprenant à se découvrir et à se connaître, que se dévoilent les sourires les plus profonds et les plus sincères… dont font partie ces sourires solaires qui rayonnent sur tout son entourage, ces sourires qui envahissent notre visage tout entier, ces sourires desquels la bouche n'est plus le coeur, ces sourires auxquels les yeux participent, ces sourires qui transpirent l'optimisme et la vie : les smiles bridés.
Et c'est précisément un de ces sourires naïfs, sincères, passionnés que vous offrira la lecture de ce roman.
Bref, un roman de grande classe. Sans mauvais jeu de mot.
Jade, Saul, Gabriel, Grégoire, Olympe, Tina et tous leurs amis attendent avec impatience de vous rencontrer pour vivre une folle et intense année de Terminale, dont vous sortirez assurément sourire aux yeux et émotions au coeur !
À lire absolument, pour laisser les smiles bridés gagner son visage et son esprit !
Septembre, la rentrée, la terminale. Un nouveau dans la classe : beau, intelligent, rayonnant. Saul. Cette arrivée chamboulera la dernière année de lycée de toute la classe… mais surtout celle de deux de ses futurs camarades de classe, avec qui Saul formera le trio central du roman : Jade et Gabriel.
On replonge dès lors au lycée pour vivre à leurs côtés cette année de Terminale, avec ce qu'elle comporte d'amitiés et de disputes, d'amours et de doutes, de travail et de remises en question, finalement de découverte de la vie et de recherche de sa propre identité.
À travers ce roman, Élodie Wang esquisse et décrit avec justesse la complexité psychologique d'adolescents en train de se chercher, les difficultés personnelles et familiales profondes qui se cachent parfois derrière les simples façades que l'on donne à voir au lycée, les questionnements sur l'identité, en l'occurrence chinoise, avec ce que ce concept a à la fois d'essentiel et d'essentialisant.
Élodie Wang rend finement compte de la complexité psychologique d'adolescents encore en train de se chercher au cours des années lycée. Loin de réduire ses personnages aux idéaux-types auxquels on peut traditionnellement s'attendre dans la littérature young adult, elle sait donner à Jade, Gabriel, Saul et leurs camarades, toute la matière et la consistance, c'est-à-dire la profondeur, qui les rend aussi réalistes qu'attachants. On voit ainsi le jeune Saul, en amour comme en amitié, tâtonner, tenter, abandonner, se débattre dans des réflexions qui le noient, s'isoler, ne plus coïncider avec celui qu'il croyait être, s'écarter de l'identité que d'autres avaient choisi pour lui à sa place, revenir à lui, et finalement devenir celui qu'il est… le dispositif narratif est extrêmement bien mené et les changements de focalisation apportent fortement à la construction de cette réalité complexe et réaliste, en multipliant les points de vue subjectifs. Cela permet ainsi au lecteur de mieux saisir des malentendus dont les personnages eux-mêmes sont inconscients en pénétrant leurs moments d'introspection les plus intimes (« C'est une blague ? lâché-je en découvrant Gabriel et un mec, au milieu du salon. Les gens forment un cercle autour d'eux. On est à l'anniversaire de Saul et les gens ne peuvent pas s'empêcher de se lancer dans une baston ? C'est déplorable. (…) Tout à l'heure, Tina m'a dit pourquoi Gabriel s'était énervé contre l'autre gars. Il m'a défendue après l'avoir entendu faire des remarques racistes sur moi »). le lecteur est ainsi vite plongé dans l'intrigue et dans la vie du lycée : grâce à Nos Smiles bridés, plus besoin d'avoir raté son bac pour vivre une deuxième année de terminale !
Mais la vie lycéenne ne se réduit pas à la vie au lycée. Au contraire, Élodie Wang montre à quel point ce qu'on croit connaître de ses camarades de classe au lycée ne recouvre que ce qu'ils veulent bien nous donner à voir. Elle nous fait alors pénétrer dans les coulisses de ses personnages, pour nous révéler toute leur profondeur. Derrière le garçon au premier abord presque hautain et si détestable qu'est Gabriel, le lecteur découvre ainsi un lycéen maladroit, qui doute, rongé par les problèmes familiaux, qui malgré tout fait de son mieux pour ne pas perdre les deux amis auxquels il tient tant : Jade et Saul. le roman décrit le côté fragile des lycéens en apparence les plus forts dans la cour de récréation qui, une fois le masque du lycéen populaire retiré, ressemblent à tout autre adolescent en recherche de repères et d'identité. Au fil des expériences, de leurs premières amours, de la construction d'amitiés fortes, du dépassement des problèmes familiaux, le lecteur assiste à l'évolution de ces personnages, à la manière d'un roman d'apprentissage ou de formation, et c'est ce qui les rend si attachants : « Alors oui, il m'a fallu dix-sept ans pour réaliser que j'avais le droit de me remettre en question, mais aussi de me retrouver, que la vie avance, avec ou sans certaines personnes, que j'ai le droit de m'occuper l'esprit, de faire autre chose, de penser à m'aimer aussi ». Lorsque l'on referme le livre, on s'est ainsi fait au moins trois nouveaux amis : Jade, Saul et Gabriel. Ils ont grandi, et on a grandi avec eux.
Finalement, Élodie Wang ponctue l'histoire de ces trois amis de réflexions profondes. Sur l'éclatement des familles, la tension et l'angoisse qu'elle engendre, à plus forte raison pour des adolescents encore fragiles, la relation entre Gabriel, son père, sa soeur Ophélie et sa mère, illustre la complexité de l'enjeu, entre rancoeur, générosité, haine et pardon. Surtout, on retrouve un thème dont l'importance aux yeux de l'auteure se ressent et se transmet naturellement à ceux du lecteur : les origines chinoises de Jade. Alors qu'au lycée, le regard des autres est encore si important, les remarques racistes se multiplient (le surnom « la chinoise » lui rappelle constamment, tout en l'y réduisant, des yeux bridés qu'elle sait, contre ces attaques, transformer en smile bridé) tandis que Jade elle-même se cherche, en se demandant quelle place accorder à cette part chinoise d'elle-même en termes de culture, de pratiques, de pensées : « En grandissant, tout a paru différent. J'ai commencé par apprécier mes yeux, ma double culture, apprenant à mieux comprendre mes parents immigrés. Il y a un sentiment de fierté qui coule dans mes veines quand je les regarde vivre leur rêve. Fonder une famille, ici en France ». Description de ce moment capital de l'adolescence où, d'une faiblesse, cette part non-française de soi devient une force. Témoignage profond et émouvant qui donne à penser sur les enfants d'immigrés ainsi que sur leur intégration à l'école.
C'est au sein de cette profondeur touchante et passionnante, qu'Élodie Wang parvient à restituer à ses personnages, que se comprend le titre du roman. C'est en surmontant ses propres problèmes, ou du moins en les acceptant, en vivant des moments intenses et uniques, en apprenant à se découvrir et à se connaître, que se dévoilent les sourires les plus profonds et les plus sincères… dont font partie ces sourires solaires qui rayonnent sur tout son entourage, ces sourires qui envahissent notre visage tout entier, ces sourires desquels la bouche n'est plus le coeur, ces sourires auxquels les yeux participent, ces sourires qui transpirent l'optimisme et la vie : les smiles bridés.
Et c'est précisément un de ces sourires naïfs, sincères, passionnés que vous offrira la lecture de ce roman.
Bref, un roman de grande classe. Sans mauvais jeu de mot.
Jade, Saul, Gabriel, Grégoire, Olympe, Tina et tous leurs amis attendent avec impatience de vous rencontrer pour vivre une folle et intense année de Terminale, dont vous sortirez assurément sourire aux yeux et émotions au coeur !
