AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mumuboc


Hawaii - 1995 - Nainoa Flores (Noa) tombe à la mer lors d'une promenade en mer sous les yeux de ses parents qui voient des requins encerclés l'enfant puis le ramener vers l'embarcation jusqu'à ses parents, sans lui faire aucun mal. Cet événement va marquer, on s'en doute, la famille à plus d'un titre. Rien ne sera plus pareil pour chacun des membres de la famille, à la fois individuellement mais également collectivement. Noa va devenir une sorte de messager aux pouvoirs divers mais surtout celui de guérir ou faire revenir à la vie. Au fil des années celui-ci va vivre des événements qui vont soit lui donner une position privilégiée dans la communauté de l'île mais également au sein de la famille, la sauvant d'une ruine suite à l'abandon de l'exploitation de la canne à sucre dont elle tirait ses revenus, mais également auprès de ses parents Malia, la mère et Augie, le père ainsi que les autres enfants Dean, l'aîné et Kauri, la plus jeune, chacun prenant la parole pour raconter son parcours sur une quinzaine d'années, depuis ce jour "béni" des Dieux, chacun exprimant son ressenti et l'impact que cette "bénédiction" a eu son devenir.

Mais est-ce une bénédiction ou un sortilège ? Noa va devoir affronter ses pouvoirs et en connaître les limites,  trouver les réponse à ses questionnements pour retrouver la paix, celle d'avant comme la recherche d'un paradis perdu, celui d'une île avant que le monde ne s'emballe et ne le détruise.

Ce premier roman de Kawai Strong Washburn est avant tout un hymne à une île, à ses paysages, ses croyances à travers un enfant doté d'un pouvoir qui peut se révéler à la fois bénéfique mais également se retourner sur celui qui le possède c sans compter son entourage qui ne reçoit rien du ciel mais devra pourtant vivre avec.

"Plus je comprenais ce dont nous sommes tous faits, plus les personnes que je touchais se gravaient en moi, continuaient à pleurer, à me montrer leurs blessures, toujours, sans cesse, encore et encore. (p164)"

Ne pensez pas lire un roman avec en toile de fond l'Hawaii paradisiaque mais plutôt celui avec l'envers du décor : ici il est question de la misère qui s'installe quand la culture de la canne à sucre disparaît, n'offrant ensuite que des petits boulots mal payés qui anéantissent rêves et projets avec ce que cela peut entraîner pour les êtres.

Certains avaient des ambitions sportives, d'autres des capacités intellectuelles qui leur offraient les meilleures perspectives universitaires, une porte ouverte sur le continent américain avec son rêve mais les mirages ont leurs dangers et la famille va se désagréger petit à petit, chacun s'enfonçant pour mieux se reconstruire.

Découpés en quatre parties, comme quatre étapes du parcours : Libération, Ascension, Destruction et Renouveau donnant la parole tour à tour principalement à la mère et ses enfants, dans une écriture empreinte des traditions, usages, objet, mythes et paysages hawaïens (un lexique aurait peut-être utile afin d'éviter d'interrompre ma lecture pour connaître les définitions de ceux-ci), l'auteur à travers cette micro-société que représente une famille évoque également la transformation d'une terre, d'un lieu en pleine mutation et révélera à chacun de ses personnages sa vraie nature.

C'est un récit où transpire la nostalgie d'un paradis perdu mais également l'évocation de ce que l'on pourrait prendre comme un bienfait dans un premier temps et qui se révèlera une arme silencieuse, destructrice où chacun perdra beaucoup et dont Noa sera le porteur. Et si les requins n'étaient pas venus que pour porter un message à Noa mais à chacun d'entre eux....

J'ai aimé mais j'ai eu un peu de problème avec la fluidité de l'écriture sans réellement trouver ce qui me gênait, peut-être tellement imprégnée de la culture hawaïenne, dont je connais peu de choses en dehors de celles des plages, des palmiers et des danses hawaïennes avec fleurs piqués dans les cheveux et dont je n'ai pas toujours réussi en saisir toute l'essence.

Une saga familiale dans un Hawaii loin des clichés paradisiaques où le pouvoir du surnaturel révèle les failles à la fois des humains mais également d'une société qui détruit ce qu'elle avait de plus beau à l'image du jardin d'Eden.

J'ai aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          290



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}