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Critique de Niklos


Toutes les préoccupations de ce roman tournent autour du langage et de la communication. Elles sont véhiculées par trois fils conducteurs.
Etude, d'abord, (dé)formation et éducation d'enfants coupés du monde et de la réalité dans un hôpital assez spécial. On essaie de leur inculquer la préhension d'un autre niveau de langage, quitte à les sacrifier en les rendant fous ou inaptes à la vie normale.
Observation, ensuite, d'une tribu d'indiens vivant en Amazonie — les Xemahoa — qui, sous l'effet d'une drogue — le maka-i — , parvient à parier et à comprendre une langue dans la langue ; une langue enchâssée.
Relations, enfin, entre les hommes et les Sp'thra, extra-terrestres qui se disent Changeurs de Signes. Ce peuple de linguistes s'est lancée dans une quête que les terriens trouvent absurde — ils veulent annihiler l'Amour Veuf qu'ils portent aux Diseurs de Change. Ils prétendent chercher à échapper à la Cette-Réalité, c'est-à-dire à se libérer de l'univers dans lequel ils sont « enchâssés », afin d'atteindre l'Autre-Réalité. Quelques cerveaux humains pourraient les satisfaire. C'est alors qu'on leur parle des Xemahoa.
En échange d'une unité cervicale xemahoa, les Sp'thra sont prêts à révéler leurs techniques de voyage interstellaire. Mais la politique — l'affreuse politique terre à terre et bornée — va s'immiscer dans ces négociations vitales, mutilant la communication entre les deux races.
L'enchâssement étonne par son pessimisme. Watson serait-il un écrivain profondément pessimiste ? Peut-être pas... Mais tout de même, la porte qu'il laisse entrouverte est à peine bonne pour les souris.
Pour lui, semble-t-il, les hommes parlent une langue de sourds, Ils ne savent pas écouter. Par contre, ils savent s'écouter. Cette démarche aveugle conduit à un isolement inévitable que l'auteur, dans un registre différent, a déjà mis en scène dans L'Ambassade de l'Espace (Calman-Lévy).
Quel avenir pour l'homme ? Brrr... Je n'ose y penser. Il semble prisonnier pour l'éternité de la Cette-Réalité.
Certes, ce roman laisse apparaître une grande complexité. Mais il constitue également une grande réussite.
A lire, donc, mais surtout à relire.

Éric SANVOISIN
Première parution : 1/1/1986
dans Fiction 370
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