… il faut se souvenir que le patient a toujours raison – sauf peut-être sur un point : qu’il pourrait bien avoir encore plus raison qu’il ne croit – et que le thérapeute ne doit jamais entrer en conflit ouvert avec lui. Quand le client refuse de suivre une directive, ou accepte une prescription de comportement mais ne la mets pas ensuite à exécution, il est bon de prendre l’entière responsabilité de cet échec et de s’excuser de s’être laissé emporter par un enthousiasme thérapeutique et d’avoir exigé du patient plus que celui-ci ne veut ou ne peut accepter. Il est alors souvent possible de formuler en termes différents, une prescription fondamentalement identique, bien que quelque peu déguisée. …
Tout sauf ça.
L’état émotionnel du patient qui vient en thérapie est tel qu’il est prêt à tout faire pour alléger sa souffrance, sauf une chose et une seule : faire cela qui allégerait effectivement sa souffrance. C’est parce qu’il pose cette condition que le patient referme le cercle vicieux de son problème et de la pseudo-solution qui la perpétue.
… le mode impératif est en fait la forme la plus archaïque du langage chez l’homme.
Heinz von Foerster : « Si tu désires voir, apprends à agir. »
Wittgenstein : « Nous ne pouvons plus continuer à un jeu dès que l’on nous en a appris un nouveau »
[L’alternative illusoire :]
… histoire connue du juge qui demande à l’accusé : « avez-vous cessé de battre votre femme ? »
Cette structure consiste à imposer un choix entre deux solutions, mais un choix illusoire puisque aucune solution n’est acceptable, autorisée ou réalisable dans les faits, pour une raison ou un autre.
« Pile je gagne, face tu perds. »
[La technique du « fantasme du pire »] permet au thérapeute d’aborder un sujet très tabou ou à d’autres égards angoissant, sans que le patient s’en rende vraiment compte. On demande au patient de ne pas parler de ses « craintes effectives », mais d’essayer d’imaginer les conséquences les plus invraisemblables, les plus désastreuses auxquelles sont problème pourrait éventuellement conduire. Ainsi affranchi des servitudes de la réalité, de la vraisemblance et de la raison, le patient a, en général, moins de mal à envisager et à exprimer ce qui pourrait se produire vraiment.
Erickson : « Je vous en prie, ne me confiez pas quelque chose que vous ne voulez pas que je sache, attendez d’être vraiment prêt pour en parler ».
Le paradoxe constitue le talon d’Achille de notre image logique, analytique et rationnelle du monde. Il est ce point où achoppe la division qui couvre apparemment toute la réalité en couples de contraires - et tout particulièrement la dichotomie aristotélicienne du vrai et du faux - et où se voit ma mise en défaut.
La manifestation clinique la plus importante du paradoxe « soyez spontané » réside probablement dans l’interdiction d’être triste et dans le message impliqué : « sois heureux » […] la personne déprimée a fini par s’imposer à elle-même le paradoxe et par intérioriser ainsi d’ordre d’être spontanée qui provenait originellement de l’extérieur. Et plus elle essaye alors de faire naître en elle les « bons » sentiments de joie et de bonheur, plus le paradoxe acquiert de puissance et d’emprise sur elle et plus elle risque de sombrer profondément dans sa dépression. L’insomniaque vit une épreuve qui est, pour essentiel, identique, quand il tente également de parvenir à ce phénomène spontané qu’est le sommeil par la force de la volonté.
Gyula Sipos : « … si rien ne vaut que l’on meure, alors la vie, elle non plus, ne vaut rien. »