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Critique de paulmaugendre


Pour les brocanteurs et les antiquaires, un vide-maison est souvent source de découvertes intéressantes qui ne passionnent pas forcément le grand public. Il suffit de découvrir l'acquéreur adéquat par la suite.

Et Valdémar Aigle qui est venu au métier d'antiquaire par hasard, alors qu'il se destinait à l'étude des amphibiens, et après avoir changé souvent de direction professionnelle, a appris le métier avec Bertrand. Depuis, quoiqu'encore jeune, il vole de ses propres ailes, au grand dam de son ancien ami. Et c'est ainsi qu'il est amené à établir un recensement chez un certain Lucien Michepape, bouquiniste sur les quais.

Michepape est mort tout seul dans son petit appartement au cinquième étage d'un immeuble de la rue Vieille du temple, le jour de son soixante-dix-septième anniversaire. C'est bête. Un petit-neveu, le reliquat de la famille, est sur place afin de surveiller Valdémar dans ses recensements. On ne sait jamais, des fois que des objets passeraient à l'as. Toutefois le jeune antiquaire réfrène rapidement l'enthousiasme de ce parent encombrant.

Parmi tous les objets, souvent anciens, qui sont disséminés dans l'appartement, Valdémar remarque une constante. Nombreux sont ceux qui ont un certain rapport, et même un rapport certain avec celui qui devait régner sous le nom de Napoléon II et qui ne fut que l'Aiglon. Lui-même n'est pas insensible à cette figure historique surtout connue grâce à Edmond Rostand. D'ailleurs il ne s'appelle pas Aigle pour rien.

Parmi le fatras accumulé, Valdémar met la main sur des documents qui l'intriguent puis l'intéressent au plus au point. Toutefois il s'étonne de ne voir à aucun endroit une photographie représentant Michepape. Il ne pourra donc pas mettre un visage sur ce nom. Il décide alors, afin de s'imprégner du fantôme virtuel de l'ancien locataire, de résider dans ce petit appartement, délaissant pour quelques jours son logement personnel qui se trouve également dans le Marais.

Les documents consistent en un acte de naissance de l'Aiglon, attestant de sa postérité, ainsi que d'une lettre autographe du jeune Prince. Lettre autographe dans laquelle il évoque son enfance et sa peur de la mort, car il est persuadé que quelqu'un veut attenter à sa vie.

Or, c'est un peu ce que ressent également Valdémar qui retrouve souvent sur son chemin un personnage énigmatique, apercevant de la fenêtre un individu de le prenant en photo, ou lors d'une absence de sa part, que le petit appartement a été visité, tout se retrouvant sens dessus dessous. Des intimidations auxquelles il ne veut croire jusqu'au jour où dans une boîte il découvre son chat Khéops égorgé. Il en est affecté. Ne risque-t-il pas de subir le même sort ? Heureusement, il peut compter sur son voisin pour lui fournir des renseignements sur l'ancien locataire. Un voisin qui pourrait endosser le rôle de gomme tant sa femme est effacée.



Tragi-comique, ce roman explore deux périodes, à deux cents ans d'écart.

Le personnage de Valdémar Aigle est attachant, même s'il travaille parfois en dilettante, délaissant sa petite boutique. Ainsi que son amie Saskia, qu'il ne voit que de temps à autre. Il est plus préoccupé par les deux documents en sa possession et les nombreux avatars dont il est l'objet, voire la victime.

La tension monte progressivement, et l'épilogue n'est pas téléphoné.

Le contenu des documents que certains aimeraient bien lui subtiliser, est dévoilé sous forme de feuilleton, intégré dans la rédaction des aventures de Valdémar. Et l'on découvre un Aiglon aux ailes rognées qui professe à l'égard de son père une véritable fascination. Et c'est la vie de celui fut successivement roi de Rome, roi de Parme, duc de Reichstadt, son amour pour l'archiduchesse Sophie, sa tante par alliance, ses différents déménagements, dédaigné par sa mère l'impératrice Marie-Louise, et bien d'autres événements fictifs ou réels qui sont ici décrits avec la force et la justesse d'un historien, mais peut-être avec un peu plus d'empathie et de chaleur.

Un roman intéressant dont les doubles intrigues passionneront les lecteurs, même s'ils ne sont pas forcément attirés par l'Histoire et plus particulièrement par la vie de l'Aiglon.

A noter l'amusant jeu de mots du titre.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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