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Critique de thedoc


Entre 1963 et 1965 a lieu le procès de vingt-deux responsables nazis du camp d'extermination d'Auschwitz. Dans le public, un homme, un auteur, Peter Weiss. Il écoute les témoignages des victimes, plus effroyables et hallucinants les uns que les autres. Il écoute les accusés, leurs rires parfois. A partir de ses notes, il rédige « L'Instruction », texte composé de ces plaidoyers, organisés de façon à leur donner une forme théâtrale. le théâtre documentaire est né.

Avec cette nouvelle esthétique théâtrale, Peter Weiss souhaite rendre compte de la meilleure façon possible, c'est-à-dire de manière efficace, de la réalité d'Auschwitz. Sur le modèle d'un oratorio, une oeuvre lyrique dramatique représentée sans mise en scène, sans décor ni costume, l'auteur plonge le lecteur/spectateur au coeur du tribunal, le mettant face à face avec la vérité historique.
Ainsi, au travers de onze chants comportant chacun trois parties, Peter Weiss confronte victimes et bourreaux. Dans une écriture radicale, simple, sobre et dépouillée, les témoignages se succèdent, relatant l'horreur des détenus, de leur arrivée sur la rampe jusqu'au four crématoire, en passant par la description de la balançoire et l'enfer du bunker.
Nulle fioriture, aucune subjectivité, juste la parole de celui qui a subi et de celui qui a commis, dans sa plus pure expression. Solo, longues tirades, duos entre accusés et témoins s'alternent et donnent du rythme et de la musicalité au texte.


Le lecteur/spectateur ressort groggy de cette immersion dans l'horreur. Par la forme de récit choisie, il prend part au jury. C'est violent, c'est implacable et c'est nécessaire. Peter Weiss a été un des rares auteurs allemands à écrire sur la Shoah dans les années 1960, alors que tant d'autres se taisaient et préféraient oublier, pour le "bien de la Nation". Cette oeuvre, outre la vérité historique, fait également office de mémoire collective.

C'est un des textes sur la Shoah qui m'a le plus bouleversée.
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