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Critique de bdelhausse


Difficile d'accrocher à ce roman. D'emblée on est projeté dans un monde tout à fait artificiel, fait de postures et de faux-semblants. le tout couronné par les pensées chaotiques du narrateur pendant les 100 premières pages.

Le choix d'une narration uniquement en "je" est assez questionnable, finalement. Cela n'ajoute que confusion à un propos qui n'est déjà pas très clair. Autre point assez confondant, le récit d'un gosse de CM1 qui démarre le livre cadre mal avec l'âge de l'enfant. Vocabulaire, grammaire, thème... on n'est pas vraiment en phase avec un enfant de CM1. La même chose se produit avec les pensées et réactions d'un gosse rebelle de 18 ans un peu plus loin.

J'ajouterai que la 4è de couverture, en ligne 3, parle du statut de "nègre" du personnage principal... ce qui n'arrive que page 113 du roman (qui en compte 366). On a donc une grosse centaine de pages avant d'arriver au sujet stricto sensu. Pas idéal pour se plonger idéalement dans le roman.

Une fois dans le sujet proprement dit, il s'installe enfin une sorte d'atmosphère de polar, pas désagréable. Mais assez ténue quand même. Bref, on regarde tout cela de l'extérieur. Dommage pour un roman en "je". Style un peu ampoulé, manquant de fluidité, mais c'est tout à fait subjectif.

Tout bascule page 267, avec deux lettres, une de Frank (le personnage principal) et l'autre de Paula, son grand amour inachevé. Et on découvre l'envers du décor. Je n'en dévoile pas davantage. Tout ce que l'on reproche aux 266 premières pages (sur 366...) est "expliqué', ou à tout le moins mis en lumière. Et les 60 dernières pages sont lumineuses.

Est-ce que cela sauve le roman? Non. En fait, c'est même tout le contraire. le roman est d'un coup transformé en une sorte d'exercice de style, pure construction, ce qui renforce le caractère artificiel du tout. Et même, on regrette que l'auteur, visiblement capable de nous emporter, de nous mystifier, de nous soulever à travers des émotions diverses (des larmes aux rires), utilise son talent à si peu.

Personnellement, les prises de position sur l'actualité et l'utilisation de vrais noms ne m'a pas gêné. Même, je dirai que cela ajoute beaucoup de corps à l'ensemble.

Au final, le roman se déroule comme une chronique multiple, entre gauche désillusionnée, pouvoir, histoire familiale, image du père, judéité, culpabilité... Mais on continue à regarder le tout comme quand on était gosse devant des insectes emprisonnés dans un bocal avec un peu de mousse, de terre et quelques feuilles. On se méprenait à se croire tout-puissant, démiurge, capable de recréer la Nature. Marc Weitzmann fait de même.
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