Les sept lames, Tome 3 : L'honneur des voleurs

Les prêtres de Sadu pratiquaient jadis des sacrifices humains pour apaiser leur dieu. Certains ne reculaient pas même devant les enlèvement ou les meurtres pour s'assurer un flot de sang régulier, les volontaires ayant toujours été difficiles à recruter. Il n'était pas rare qu'un prêtre de Sadu soit également assassin professionnel, empochant l'argent de ses clients et récoltant le sang de ses victimes.

Mörg n'était pas roi, et ne pouvait donc pas s'opposer à la volonté de son peuple pour assouvir ses propres lubies. Seul l'Ouest décadent procédait de la sorte. Les hommes de l'Est, pour leur part, dirigeaient par le respect - ou par la peur - mais toujours de façon honnête, car ceux qui les suivaient croyaient en eux. Mörg n'était pas plus fort que les chefs qu'il avait réunis. Sa vie et sa mort dépendaient de leur seuil de tolérance.

Il y a de bonnes chances pour que je sois réduit en cendres en bossant là-dessus. Auquel cas... jure-moi une chose. (Crassier à Malden)
- Tout ce que tu voudras.
- Tu m'organiseras les funérailles les plus grandioses que cette ville ait jamais connues. Tu ne regarderas pas à la dépense. Mais tu t'assureras que le cercueil reste fermé. Si j'en prends plein la gueule, ce qu'il subsistera de moi ne sera pas beau à voir.

- Vous ne devez pas profaner cet endroit, hurla-t-il (ndr : le moine). Si vous brûlez ce bâtiment, mille années de savoir seront perdues à jamais. Les travaux rassemblés ici ne pourront pas être remplacés. Je vous préviens, Barbare, il s'agit d'un pêché de première importance.
Mörget éclata de son puissant rire mauvais.
- Ne craignez rien, petit homme. Mon père, le Grand Chef, a déjà déclaré que vos livres étaient sacro-saints. Il adore le savoir, et il m'a chargé de ne pas abîmer une seule page, de ne pas dégrader un mot de votre précieuse collection. Nous avons besoin de chacun de ces ouvrages.
Le moine abaissa lentement les mains. Son visage tremblait de soulagement.
- Nous n'avons toutefois que faire des moines, poursuivit Mörget.
Sa hache fendit alors l'air en sifflant, ainsi qu'elle l'avait déjà fait un million de fois auparavant.

Un héraut en livrée verte pénétra dans la pièce à grands pas et fit une ample et élégante révérence.
- Votre majesté, annonça-t-il, permettez-moi de vous présenter dame Mörgain, princesse des steppes de l'Est !
La femme qui fit son apparition n'était guère vêtue que d'un manteau en peau de loup. Elle était plus grande que n'importe qui d'autre dans la chambre, et rivalisait presque avec les deux chevaliers en terme de carrure. Son visage était peint de telle sorte que la peau semblait avoir été arrachée de son crâne ; ses cheveux taillés courts émergeaient en touffes éparses et négligées.

- Attendez, la rappela-t-il. (Il fallait qu'il sache) Dites-moi au moins comment...
Mais Coruth était déjà partie. Il passa la nuit surle toit de la salle des comptables, jusqu'à ce que le drame qui se jouait sous ses yeux se termine. Le portail céda. les défenseurs résistèrent vaillamment. Ils étaient bien entraînés et bien équipés. Mais ils se battaient à un contre cinquante. Et la foule se fichait du nombre d'individus qui y resteraient.
A l'aube, les flammes avaient atteint les fenêtres de pierre du palais, et les casernes avaient été détruites. Château-Haut était en ruine. Tout ce qu'il s'ymbolisait était parti en fumée.