AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Blok


Ce livre est une réussite. le thème est d'actualité évidemment sans qu'on puisse accuser l'auteur d'avoir voulu surfer sur la vague puisqu'il a été écrit en 2019. Les spécialistes annonçaient la venue d'une pandémie majeure résultant de la mutation d'un virus animal tôt ou tard.
La base est donc crédible, sauf que.. mais attendons un peu.
Le livre est intéressant de bout en bout, malgré sa longueur ; quand l'ouvrage est bon, la longueur est une qualité.
La narration est fluide, les scènes d'exposition parfaitement amenées.
Les personnages sont bien campés et ont une réelle profondeur psychologique.
Le style est bon, ce qui veut dire que la traduction l'est aussi.
Donc c'est un bon livre, mais avec une conclusion à double interprétation, qui modifie tout le livre, dans un sens ou dans l'autre
Pour être compréhensible, je dois exposer assez largement l'intrigue et là JE VAIS SPOILER.
Si vous n'avez pas encore lu le livre arrêtez ici.
Bon. Tout commence par une étrange épidémie : diverses personnes quittent leur domicile et marchent ensemble versun but
Inconnu. Ils n'intéragissent plus et leur métabolisme est profondément modifié. On les appelé "les Marcheurs". Non, aucune allusion.
l'Amérique est en année électorale, la Présidente démocrate Hunt (Hunt la Pute pour les intimes), termine son mandat, Elder, son adversaire républicain, bien que milliardaire, affiche un populisme extrême, il est vulgaire et inculte et a routes les chances de gagner
Les Marcheurs sont pain béni pour lui. Les fondamenlistes chrétiens y voient le signe de l'Apocalypse, et les Milices sont là. Qui de mieux que Elder pour combattre le bon combat contre les démocrates suppôts de Satan ?
Mais en fait, les Marcheurs ne sont pas le problème. Ils sont même là solution
En effet la vraie pandémie apparaît : c'est un champignon communiqué par les chauves-souris. Les ravages sont terrifiants. La civilisation s'écroule.
Or les Marcheurs ont été créés par Black Swan (il était tant que j'en parle) un ordinateur quantique conscient et quasi-divin, pour préserver une petite part de l'humanité. A ce qu'il dit, il peut dans une certaine mesure voyager dans le temps, a prévu l'épidémie, mais ne pouvait l'empêcher. Et l'humanité va être sauvée, Après bien des tribulations, grâce aux efforts et aux sacrifices d'humains non transformés qui les ont accompagnés dans leur périple (et qui sont les vrais héros de l'histoire, les Marcheurs parviennent à la Terre Promise que Black Swan leur a préparé. Tout ceci, et je le dis au premier degré, est très émouvant. Il y a des sacrifices admirables, des séparations déchirantes.
Et le Troupeau est sauvé, les Marcheurs se réveillent. Comme on le voit , il y a de multiples allusions bibliques : l'Exode, l'Apocalypse, la Tribulation, le Jugement, la Résurrection du petit troupeau des justes.
Et Jéhovah-Black Swan qui organise tout.
Or il se révèle que Black Swan a menti. En effet, à un prês un pour cent de l'humanité a survécu naturellement et il le savait. le Troupeau,le Peuple élu de Black Swan, n'avait finalement qu'un rôle mineur à jouer pour la survie de l'humanité.
Alors ? Alors vient la révélation finale, la véritable Apocalypse au sens originel du terme : révélation de choses cachées.
Car Black Swan a doublement menti: le champignon, c'est lui qui l'a diffusé, dans le but d'exterminer 99% de l'humanité, afin de sauver la planète et le 1% restant du désastre écologique qui se profile.
Et là j'hésite : ou bien la morale est toute simple : Black Swan a bien fait, il a sauvé la Planète. Si c'est là la philosophie de l'auteur, il s'agit de la Deep Ecology de Petere singer et elle est répugnante. Hitler lui-même n'avait pas de telles ambitions. Comme le disait cet officier américain en poste au Vietnam : pour sauver le village, nous avons dû le détruire.
Ou alors, et c'est ce que j'aimerais croire, l'auteur continue à filer sa métaphore biblique: Jéhovah, mécontent, déclenche le déluge pour purifier l'humanité.
Le livre est alors une parabole sur la vraie nature de la Bible et du dieu vetero-testamentaire, qui m'agree tout à fait'
Alors j'hésite.
L'auteur est-il un Deep ecologist à tendances génocidaires ou un critique subtil de la version basique du judéo-christianisme ?
Je préfère croire à la deuxième solution, la première que gacherait un livre qui m'a plu. Alors je fais un Acte de Foi. Et je mets 5 après avoir hésité.
Venons en à la comparaison avec"le Fléau" Elle n'est pas tout à fait pertinente. L'arrière plan des deux livres est très différent.
Il y a juste une idée de départ commune.
En tant qu'inconditionnel du King, je ne puis que lui donner la palme.
Un mot sur Black Swan. Qu'est ce que Black Swan ?
C'est un ordinateur quantique, une intelligence artificielle douée de conscience, c'est à dire un topos de la SF actuelle
Mais je serai indulgent
Après tout, elle rentre dans le pacte de crédulité que je conclus avec l'auteur en ouvrant le livre.
Mais elle passe mieux dans mon interprétation métaphorique : l'histoire nécessite un Jéhovah.
Ce qui n'empêche pas la notion d'intelligence artificielle conscience, quantique ou pas ( c'est bien pratique, la mécanique quantique) d'être un non-sens conceptuel.
Certains qualifient ce livre de visionnaire. Je ne suis pas d'accord. Il y a longtemps que les épidémiologistes nous alertent : une pandémie majeure d'origine épizootique surviendra tôt ou tard. La. Covid en est une, il y en aura d'autres.peut-etre pires ; et qui voulait le savoir en 2019 le savait.
De même, les évènements politiques aux USA décrits dans le livre ne sont qu'une extrapolation de la situation existant en 2019. D'ailleurs pessimiste, si l'on réfléchit à ce qui s'est passé sans superlatif : une poignée d'excites a fait trois fois le tour du Capitole en brandissant un.drapeau confédéré. Et c'est tout. Les suprematistes n'étaient finalement qu'un tigre de papier.
A ce sujet, il faut parler du Croque-mitaine : Ozarc Stover. Ozarc, comme les Monts Ozarks, la patrie des montagnards du Sud, des Hillbillies: déjà tout un programme ! le cadre de tant de romans, de films, de séries horrifiques. Dans toute son horreur, Ozarks Stover est l'incarnation d'un des pires cauchemars du libéral américain blanc A noter que la scène où Ozark viole le pasteur fait penser au passage identique de"Délivrance" de James Dickey, qui se passe justement dans les monts Ozarks.
Mais personnellement, comme méchant, j'avais préféré le Randall Flag du"Fléau", incarnation de Lucifer : tellement plus de classe !
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}