AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Woland


The Lonesome Road
Traduction : Anne-Marie Carrière

ISBN : ?

Troisième enquête de Miss Silver, "Le Chemin de la Falaise" est un roman policier à l'atmosphère singulièrement lourde et étouffante. Peut-être parce que l'action tourne autour d'un meurtre "en famille", peut-être aussi en raison des descriptions, tout à fait remarquables bien que l'auteur n'ait pas l'air d'y toucher, de cette maison perchée si près de la mer, non loin du petit village de Ledlington et de la campagne qui l'entoure. Wentworth s'est pour ainsi dire "donnée à fond" dans cette intrigue pourtant d'aspect infiniment classique et qui débute par la visite que rend à Miss Silver, basée à Londres, Rachel Treherne, la cadette d'un riche homme d'affaires qui lui a également laissé la gestion de sa fortune, au mépris de son aînée, Mabel, à charge évidemment pour elle de veiller sur les intérêts de sa soeur. Comme compromis, Mabel a choisi de s'installer dans le manoir familial avec Ernest Wadlow, son époux, dont elle a eu deux enfants, Maurice, apprenti bolchevik qui ne laisserait cependant pas un seul sou de son héritage capitaliste à la "cause" , et Cherry, une véritable peste qui a le don d'agacer comme d'autres ont celui de séduire.

Se greffent au cercle familial la cousine Ella, une obsédée des bonnes oeuvres - du moins en apparence ; la petite-cousine Caroline, sensible et douce, la plus attachée sans doute à Rachel mais accablée depuis peu d'une tristesse qui pousse à s'interroger sur ce qu'elle peut cacher ; le cousin Richard Treherne, assez difficile à classifier dès le début et, allant et venant, un cousin plus éloigné, qui est amoureux de Rachel et n'arrête pas de lui demander régulièrement sa main, Cosmo Firth. Pour terminer, ajoutons la fidèle Louisa, servante de la famille depuis des lustres, dont certains affirment qu'elle ressemble toujours à un mastiff prêt à mordre si l'on cherche à toucher "Miss Rachel" et le voisin américain, Gale Brandon, à qui Miss Treherne devra un jour la vie.

Voilà, décor et cercle sont dressés même si j'ai oublié Noisy, le petit épagneul qui, lui aussi, sauvera un soir la vie de sa maîtresse bien-aimée. Passons à l'intrigue.

Depuis quelque temps, surviennent au manoir des incidents comme celui de deux marches du haut du grand escalier, soigneusement cirées, si soigneusement que la première personne qui devait les emprunter - Rachel - aurait pu avoir au minimum un grave accident, au maximum se briser le cou sans autre forme de procès. Fort heureusement, Louisa, qui se trouvait là par hasard, a rattrapé sa maîtresse à temps. A croire que quelqu'un en veut à la vie de Rachel - et à la fortune qu'elle laisserait derrière elle. Car les conditions particulières du testament original font que, chaque année, au vu du comportement et des besoins de ses parents, Miss Treherne est contrainte de modifier les sommes qui sont censées leur revenir.

Et il semble bien que tous ceux qui l'entourent, jusqu'à la petite Caroline qui met en cachette en gage les bijoux de sa mère défunte, auraient bien besoin de ces sommes : Mabel et Ernest pour empêcher leur fils d'aller chez les Soviets ; Maurice au contraire pour aller saluer Staline ; Cherry parce qu'elle est couverte de dettes ; Caroline parce qu'elle semble bien victime d'une forme de chantage ; Ella parce qu'elle rêve - en principe - de Faire le Bien sur une grande échelle (mais vous aviez compris les majuscules) ; Richard on ne sait trop pourquoi - il est si mystérieux, et Cosmo parce qu'il est perpétuellement sans le sou - ou presque. Laissons le petit Noisy de côté : les animaux familiers n'ont pas de ces faiblesses ridicules. Quant à Louisa, elle recevra bien sûr une certaine somme au décès de sa maîtresse mais comme elle passe son temps à mettre en garde celle-ci et à insister pour qu'elle aille voir la police parce qu'on veut la tuer, c'est clair, on peut, en principe, la biffer elle aussi de notre liste.

Avec ses allures d'institutrice sage et élevée selon les principes de l'époque édouardienne, voire victorienne, Miss Silver débarque au milieu de tout ce petit monde pour tenter de faire la part des choses. Elle y réussira, bien sûr, après des rebondissements passionnants (en tous cas dans le genre "wodunit"), amenés, je le répète, dans une ambiance vraiment très typée et sous des nuages bien noirs, ce qui explique en partie la déception que l'on ressent - enfin, celle que j'ai ressentie - à la découverte de l'identité de celui (ou celle) qui a tramé cet horrible projet d'assassinat "en famille."

Cela dit, pour être franche, il est rare que la fin d'un bon policier ne me déçoive pas toujours un peu. C'est comme ça, je n'y puis rien. Alors, tentez votre chance et, comme Noël approche, si vous avez parmi votre entourage un ou des fanatiques de ce genre de littérature, n'hésitez pas : c'est chez 10/18, dans la série "Grands Détectives" et cela reste l'un des meilleurs Patricia Wentworth. ;o)
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}