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Critique de Foufoubella


Colson Whitehead n'est plus à présenter, il est l'un des rares auteurs à avoir obtenu deux prix Pulitzer (excusez du peu). J'ai d'ailleurs dans ma PAL ces deux romans mais, allez savoir pourquoi, j'ai décidé d'en sortir un autre, emprunté à ma médiathèque dans cette toute nouvelle traduction. En effet, L'intuitionniste est en réalité le premier roman de l'auteur et j'avoue que cette couverture m'a tapé dans l'oeil. Mais au fait, de quoi ça parle?

Lila Mae Watson est ce que l'on appelle une intuitionniste. Dans cet univers parallèle au nôtre, où les "réparateurs", ou plutôt vérificateurs, d'ascenseurs connaissent une position assez élevée dans la société (il existe même une école qui leur est consacrée), les intuitionnistes s'opposent aux empiristes. Les premiers parviennent à trouver le défaut en posant juste leur main sur l'appareil, là où les seconds font preuve de davantage de pragmatisme. Les deux écoles cohabitent jusqu'au jour où un ascenseur d'un building prestigieux, confié justement à notre héroïne, s'écrase. C'est sûr, pour Lila Mae, on cherche à lui nuire. Car, et c'est là où repose en partie le génie de l'auteur, ce monde n'est pas si différent du nôtre, puisque Lila Mae a le double désavantage d'être une femme dans un monde d'hommes, et Noire dans une société dominée par les Blancs.

Franchement, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman même si sa prise en main n'est pas des plus faciles. L'auteur fait des retours en arrière, des digressions régulièrement, si on n'est pas solidement harnaché à son livre, on risque de se perdre. J'ai beaucoup aimé sa proposition, entre une écriture rythmée et élégante, le thriller et le roman - presque - social. J'ai apprécié me perdre dans les méandres de l'esprit de Colson Whitehead, ainsi que dans son récit. Au démarrage, et même après, je ne savais pas trop où je me trouvais. L'action pouvait tout aussi bien prendre place dans le New York (ou ville assimilée) des années 30, 50, 60 ou de nos jours, et même en 2148. Et même si je penche plutôt vers les années 50/60, il y a quelque chose de profondément intemporel dans cette histoire.

Mais, surtout, ce parallèle, cette métaphore, cette allégorie (prenez le mot qui vous convient le mieux) entre la société et l'ascenseur ( entre autre, social) est juste hallucinante, et géniale. On la devine très vite, et elle est tellement bien trouvée.

Mais, ce roman n'est pas parfait non plus, il y manque parfois un brin de fluidité, due notamment à quelques petites longueurs.

En bref, un auteur que je suis ravie d'avoir (enfin) lu, il fait sans aucun doute pour moi partie des écrivains majeurs de notre temps.
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