AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Diabolau


Bon, eh bien voilà ce que j'appelle un mauvais roman historique. J'ai voulu aller jusqu'au bout pour voir à quel point c'était mauvais, j'ai souffert pour ça, et d'une certaine façon, je n'ai "pas été déçu".
Le gars a bossé, c'est indéniable. D'ailleurs, ce pavé n'est que la première partie d'une trilogie. Mais ça oscille constamment entre quelques passages potables, et du mauvais, voire du très mauvais.
Ce qui frappe en tout premier lieu, c'est le style lourdingue. Sérieusement, à ce niveau-là, on se demande s'il ne le fait pas exprès.
Comme un petit exemple vaut mieux qu'un long discours, voilà un extrait avec, entre crochets, tout ce qu'il faudrait virer parce que ça n'apporte rien ou que ça répète un truc qu'on sait déjà :
"La personne qui vient au son de la cloche est d'accord avec tout ce que le patriarche demande [ou suggère] et lui fournit un prétexte pour quitter la pièce [aussi longtemps qu'il le désire], sans offenser quiconque [indûment]. [Dans ce cas-ci], son départ joue en notre faveur. le patriarche examine notre affaire. Nous avons fait tout ce que nous pouvions, et je ne crois pas que nous aurions pu mieux nous présenter [que nous l'avons fait], alors nous devons attendre qu'il ait réfléchi [et en soit venu à une conclusion qui sera la plus avantageuse pour lui – et qui est de la plus haute importance – au niveau tant personnel qu'officiel...]"
Et c'est comme ça tout le temps. le gars ne peut pas s'empêcher, quand il décrit par exemple un groupe d'arbalétriers qui traîne un chariot plein de "flèches à pointes d'acier", de nous préciser que c'est pour s'en servir comme munitions ! Sans mentir, on pourrait allègrement virer entre un tiers et la moitié du bouquin pour dire exactement la même chose.
Quant aux dialogues, ce sont souvent d'interminables digressions sans aucun naturel, d'ailleurs l'extrait ci-dessus est un bout de dialogue.
L'auteur se répète sans cesse comme un automate, pense à la place du lecteur, ne laisse aucune place à l'implicite...
Alors évidemment, c'est une traduction, et peut-être une mauvaise traduction... Mais on ne m'ôtera pas de l'idée que le traducteur n'a pas été inventer toutes ces lourdeurs. S'il avait été bon, il aurait peut-être réussi à les ôter, rendant la traduction meilleure que l'original, ce qui arrive parfois. Mais là, on n'y est pas.
Quand la forme est mauvaise, on peut espérer se rattraper sur le fond.
Eh bien non. Là encore, l'auteur additionne les invraisemblances.
L' "ordre de la renaissance à Sion", société secrète à l'origine des Templiers, selon l'auteur, a déjà tout compris (au XIè siècle) aux manipulations du christianisme, et ses membres ne sont pas chrétiens. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ont l'idée géniale... de se faire moines, en respectant pauvreté, chasteté et obéissance ! Remarquez, on ne peut que se féliciter de leur chasteté quand on voit cette réplique : "Allons, Saint-Agnan, sois honnête ! Quand t'est-il arrivé d'avoir des pensées impures pour quoi que ce soit d'autre qu'une belle chèvre ?" ... Car là, on se dit qu'on l'a échappé belle.
De même, je savais que l'opium était puissant, mais de là à ce qu'un type drogué à l'opium ne se souvienne pas d'avoir été enlevé, "violé", torturé pendant des semaines...
Malgré ces calembredaines, je croyais que c'était un minimum documenté, jusqu'au moment où il est question des janissaires turcs en 1120... (Pour info, ils ont été créés au XIVè siècle)
Pourtant, l'auteur s'est documenté, ça c'est sûr, sur l'origine du christianisme, les tendances politiques des hébreux de l'antiquité, le frère de Jésus, les premiers apôtres, la crucifixion... Il s'est tellement documenté qu'on a l'impression de devoir digérer l'intégralité des articles ad hoc de l'encyclopedia universalis, le tout dans un dialogue, enfin pardon, un monologue. Il n'a pas dû lire l'article 1 du mantra du roman historique : "ne pas plaquer de connaissances historiques de façon artificielle".
Là j'avoue, j'ai totalement décroché, sautant allègrement paragraphes et même pages tant c'était indigeste.
Quand la forme et le fond sont mauvais, on peut au moins espérer développer quelque sympathie pour les personnages...
Encore non. Les Templiers sont très peu différenciés, ils se valent et se ressemblent tous. Il faut attendre l'arrivée de la jeune princesse de Jérusalem débauchée, et du jeune et grand couillon St Clair pour avoir un peu de variété, mais on restera jusqu'au bout dans le caricatural et on peinera à s'intéresser à leur sort.
Voilà, je crois que j'ai fait le tour.
Et mon masochisme n'ira pas jusqu'à vérifier si les deux tomes suivants sont du même tonneau.
Commenter  J’apprécie          1212



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}