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Critique de PrettyYoungCat


"Comme je l'ai déjà dit, la classe dirigeante, à laquelle je n'appartenais pas, donnait des ordres. Je pense qu'elle mérite d'être punie pour les horreurs commises sur ses ordres.
Mais les subordonnés sont maintenant des victimes. Je suis l'une de ces victimes. On ne peut pas ne pas en tenir compte."

Voici en substance la ligne de défense de Eichmann réunie dans cette citation. Il n'a fait que répondre docilement aux ordres et il n'est en rien responsable ou coupable de les avoir appliqués. Il est donc une victime du procès qu'on lui fait d'avoir organisé la solution finale, à savoir la mort de 6 millions de Juifs.

Pourtant, comme le souligne Annette Wieviorka, la mémoire collective ne retiendra de Eichmann que l'essai de Hannah Arendt sur la Banalité du mal. Voyant en Eichmann un petit fonctionnaire s'appliquant à donner des ordres bureaucratiques...
Elle qui a pourtant très peu assisté au procès échafaude cette théorie qui sera maintes fois reprises, mais aussi de nature à créer la polémique.
Qui plus est dans son ouvrage ne souligne-t-elle pas la collaboration de certains Juifs avec l'appareil nazi, sous-entendant par là une participation active au génocide sans laquelle l'ampleur du massacre n'aurait pu atteindre de telles proportions... C'est rendre le peuple victime, bourreau de son propre génocide ce qui est parfaitement inaudible pour certains (ce que je partage) et surtout atténue la responsabilité des bourreaux nazis eux-mêmes.
Pour en revenir à la personnalité de Eichmann, il n'a jamais eu à se "salir" les mains du sang de ses victimes, ce qui facilite cette mise à distance de ses crimes comme étant un simple rouage obéissant... Mais ne nous leurrons pas, il s'agit d'une ligne de défense bien étudiée destinée à manipuler l'opinion et non d'une vérité. Il savait parfaitement à quoi menaient ces ordres : des meurtres de masse et prétendait en être affecté mais tout à fait dans l'impossibilité de s'y soustraire. Ce qui encore une fois est totalement faux, tant pour ses prétendus affects que pour l'obligation d'obéir.
Si le physique de l'homme est banal, inoffensif, le Mal ici n'a vraiment rien de banal.

Ce document historique, comme l'évoque le titre, nous parle également tout d'abord de la traque de Eichmann, son enlèvement par le Mossad, puis de son procès, ainsi qu'ensuite les divers retentissements que celui-ci a eu.
L'enjeu du procès de Eichmann sur la terre d'Israël est avant tout de collecter les témoignages, de recenser les preuves incontestables du génocide et d'ériger la Mémoire de la Shoah.
Eichmann, s'il était bien coupable (et il fut reconnu comme tel et condamné à la peine de mort) ne peut être considéré comme étant LE coupable. En ce sens, il est plutôt à considérer comme un symbole et cette symbolique permettra que le génocide juif donne lieu à d'autres procès et que la mémoire de l'Holocauste s'étende de par le monde, y compris en Allemagne.

Je remercie sincèrement Babelio pour cet ouvrage transmis dans le cadre d'une opération Masse critique, ainsi que les éditions Archidoc.
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