AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LesFacesLitteraires


L'univers de cette trilogie est très original, entre fantasy et romance, sur des histoires politiques et de pouvoir ; la base et ses développements se perfectionnent au fil des pages. Dans ce dernier volume, l'héroïne tente d'avoir une vie normale malgré son don de double vue. En effet, McKenzie est une diseuse d'ombres, elle voit les faes et les traces qu'ils laissent derrière eux. Sauf que la guerre n'est pas terminée, les ex-rebelles et ceux qui se sont alliés à eux doivent reprendre les armes et dénouer les secrets des individus voulant récupérer le Royaume. Il y a toujours le triangle amoureux, cet aspect me dérange, et principalement pour un Urban Fantasy, j'ai la sensation de revenir dans des clichés de jeunesse. En dehors de ça, la romance semble plus distante en comparaison du tome précédent, une construction plus à même de plaire à un public général. Cette conclusion est fortement surprenante, clairement, je suis très satisfaite par celle-ci, malgré des moments parfois vagues où les informations sur les affaires d'État prennent le dessus sur l'action et les combats. J'ai rencontré quelques longueurs de temps en temps, toutefois ce roman se dévore avec plaisir.

McKenzie essaye d'abandonner le monde des faes, elle trouve un travail d'humain où elle s'ennuie, mais gagne un salaire et survient à ses premiers besoins. Malheureusement, le Royaume la poursuit, l'homme dont elle est amoureuse en fait partie et un lien s'est créé avec Kyol. Alors, les vacances ne sont pas pour tout de suite, elle doit repartir aider ses amis. Ses doutes sont moindres, bien plus sûre d'elle-même et des décisions qu'elle prend. Cependant, elle se questionne sur Aren et ses évitements ; elle n'hésite plus et lui pose un ultimatum. Son coeur oscille dans deux directions différentes, McKenzie est néanmoins consciente que sa connexion avec son premier amour est en grande partie magique. Elle a choisi d'être avec Aren, et elle va se battre pour leur relation. J'ai beaucoup aimé cette force en elle, un esprit libre et très déterminé. Sur ce dernier ouvrage, c'est réellement une héroïne, elle devient une guerrière et une sauveuse. Je l'ai admiré tout au long de l'oeuvre, cette femme est sensible, dotée pourtant d'un courage initiatique.

Aren est un personnage légèrement absent au début de ce troisième volume, et plus le récit avance, et plus on ressent ses silences, ses secrets. Un héros difficile à cerner durant ses passages, au moment des révélations, j'ai réussi à comprendre ses choix, sa distance envers McKenzie. Ses sentiments se révèlent puissants, alors sa résistance est mise à rude épreuve. J'ai bien aimé Aren, un soldat prêt à tout pour protéger les siens. Sur cette suite, sa personnalité est ouverte ; mais son charme du premier tome est totalement estompé. Un homme bon, énigmatique sur plusieurs chapitres, ses pensées deviennent plus claires et précises dans ses confidences, son caractère de rebelle offre de la liberté et des questions. Un personnage unique, différent, un fae transmettant des émotions et presque admirable pour ses sacrifices. En dépit de sa force, le fait qu'il préfère abandonner sa relation avec McKenzie plutôt que de se battre est un brin décevant venant de ce lui. Aren, mystérieux et sensible, laisse une petite trace sur mon coeur.

Kyol est aussi un protagoniste important dans l'histoire, je le loge à la même enseigne que Aren dans ses apparitions. Néanmoins, je n'accroche pas vraiment avec lui, il donne l'impression d'être seulement « amoureux ». Ses sentiments sont beaucoup trop mis en avant, cela ne laisse pas apercevoir son tempérament réel. Sa présence dans cette oeuvre est essentielle, en revanche, je n'ai pas apprécié la façon dont il est développé. Il se montre languissant et, quémandeur, je ne supporte pas les héros dans l'attente comme lui. Il doit tourner la page, malgré le lien et le passé ; heureusement, il sait poser des barrières pour tenir au loin ses souffrances. Kyol est un fae puissant, un combattant hors pair, et comme Aren ; il veut mettre ses proches à l'abri du danger. Sauf qu'il est aussi très dominé par le pouvoir de son royaume, sous l'autorité d'un roi ou d'une reine ; du coup, il ne se préserve pas lui-même. J'ai la sensation qu'il se pense invincible, au-delà de la mort ; c'est forcément présomptueux et gênant.

Cette lecture de « Double vue » ne m'a pas laissée indifférente, principalement en raison du suspense et des rebondissements. Certaines révélations sont totalement surprenantes, et même sur la conclusion le mystère reste entier sur certaines péripéties, comme celle de Paige. Certes, parfois le style est quelquefois pesant, surtout avec les histoires politiques ; cela augmente la perception d'avoir des longueurs inutiles où le manque d'action se fait attendre. Les relations entre chaque personnage sont dans l'ensemble plaisantes, en dépit du triangle amoureux pas toujours agréable. C'est d'ailleurs l'aspect insupportable dans un urban-fantasy. Dans le fond, l'univers de cette saga est à mon goût inédit, le récit en lui-même est captivant et rempli de richesse, on est dans un mixe d'action, de magie, de romance et de stratégie. Les émotions ne sont pas touchantes, toutefois, ce tome met nos nerfs à rude épreuve ; la tension est électrique et indéfinissable. le dénouement est inattendu, avec des pertes, des nouveaux départs, possiblement ouverts sur encore, des aventures à imaginer soi-même.

Sandy Williams écrit avec beaucoup d'équilibre dans ce volume, là où la romance prenait le dessus dans le second tome ; celui-ci s'harmonise avec virtuosité. Sa plume est belle, parfois brute et puissante et de temps en temps lente et délicate, les dialogues sont naturels et la narration prenante. Quelques longueurs peuvent venir ternir le style, cependant, la forme narrative est à la première personne du singulier, alors les répits n'existent pas et l'action coule à flots. Une auteure à découvrir pour son monde travaillé, ses mots simples et son histoire débordante de nuance et d'intrigue. le texte est fluide, et ce, grâce aux chapitres courts et réguliers sur leur taille.

Pour finir, je suis ravie d'avoir terminé cette trilogie, et, en même temps, je suis légèrement triste de laisser derrière moi McKenzie, Aren, Kyol et leurs amis. Ils ne vont peut-être pas m'accompagner longtemps dans mes souvenirs, en revanche ils m'ont tenu la main pendant quelques années. le couple entre l'héroïne et le guerrier rebelle est une montagne russe, avec des hauts et des bas ; leur début est tout de même plus intéressant que cette union mise à mal par des secrets et un lien, des non-dits et une distance involontaire. le triangle amoureux avec Kyol me laisse perplexe, de mon point de vue, il se présente pour combler des blancs. L'action est moins présente que dans le premier tome, il y a dans « Double vue » bien plus de faits et d'événements en rapport avec le pouvoir, la politique et le Royaume. L'aspect magique est moindre, surtout les aptitudes, elles sont très peu abordées. En dehors de ça, le suspense est attenant, jusqu'au bout du roman ; un page turrner seulement pour avoir le fin mot de l'histoire. Les émotions ne sont pas forcément exprimées, néanmoins, on ressent de l'énergie et une vive menace. L'écriture de Sandy Williams est au-delà de mes espérances après un deuxième livre plat, ici, on retrouve un peu le style du premier « Sidhe », harmonieux et efficace. Sa plume spontanée et recherchée offre énormément de générosité. Je ferme cette oeuvre en étant satisfaite et je laisse mon esprit vagabonder encore dans les contrées de féerique, en pensant à une nouvelle trame après cette conclusion réussie et pleinement libre à être rêvé.
Lien : https://lesfaceslitteraires...
Commenter  J’apprécie          10







{* *}