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Critique de Otlet


Otlet
11 décembre 2018
En 1987, à l'occasion du centenaire de l'Institut Canadien des Ingénieurs, les informaticiens Daniel et Nadia Thalmann réalisent le court-métrage Rendez-vous à Montréal dans lequel des modélisations de Marilyn Monroe et Humphrey Bogart discutent et se prennent la main autour d'un cocktail.

En 1989, le film Abyss de James Cameron propose une intéraction entre des acteurs réels et un pseudopode en eau de mer doté d'un visage capable d'expressions faciales. Deux ans plus tard, dans Terminator 2, le même Cameron explore, avec son T-1000 en métal liquide, les multiples possibilités offertes par le morphing.

En 1993, Steven Spielberg ressuscite les dinosaures, à l'aide d'un moustique pris dans l'ambre, de quelques brins d'ADN de batraciens et surtout de l'énorme prouesse infographique d'ILM.

En 1994, à cause de la mort accidentelle de Brandon Lee, survenue avant la fin du tournage de The Crow, Alex Proyas est obligé d'incruster numériquement le visage de l'acteur sur le corps d'une doublure, pour le besoin d'une scène restée inachevée. 

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Tandis que se met en place cette révolution numérique, Connie Willis extrapole un Hollywood futur dont la production ne se cantonnerait plus qu'à des remakes ou des suites de classiques (anciens ou modernes), puisés dans son immense catalogue et interprétés uniquement par des stars extraites de leurs films originaux ou des doublures incrustées par la magie de l'art infographique. Naviguant dans un univers de débauche digne de l'Âge d'Or des grands studios, décrit par Kenneth Anger dans Hollywood Babylone, Tom, un étudiant cinématicien embauché pour nettoyer numériquement des pellicules de toute trace ou allusion à l'alcool, rencontre Alis, actrice en herbe qui rêve de danser "pour de vrai" dans une comédie musicale.     

Un tel point de départ offrait donc de multiples angles d'approche : réflexion sur l'avenir d'une industrie cinématographique en proie à une véritable frénésie technologique, mais aussi sur la propension éternelle d'Hollywood à dévoyer le talent de ceux qui travaillent pour lui, interrogation sur le rôle de l'imitation dans la création artistique (antique débat !) et enfin histoire d'amour nouée autour d'une fascination commune pour le 7e Art. Toutes ces pistes, Remake les explore... en surface. Articulant son récit autour des images obsédantes de Fred Astaire et Eleanor Powell dansant sur Begin The Beguine, Connie Willis finit par perdre Tom, Alis et son lecteur dans les brumes électriques d'une narration décousue, saturée de références cinématographiques qui la réserve à un public d'amateurs, et que vient encore alourdir une intrigue dispensable de voyages temporels. 

Sans aller jusqu'à parler de bide, on se dit que cette histoire aurait méritée, soit d'être raccourcie en une nouvelle percutante, soit d'être approfondie pour aboutir à un développement plus approfondi et surtout plus digeste. En l'état, Remake reste un collage généreux, mais maladroit, à mi-chemin entre SF et satire absurde mâtinée de cyberpunk. En littérature, comme en cinéma, on appelle ça une réussite en demi-teinte.

 
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