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Critique de AudreyT


Dans son palais-grenier, au plus froid des années 1919 et 1920, Marina Tsvetaeva tente de survivre. Son mari est parti depuis si longtemps sur le front, elle a peu d'amis, et la solitude lui pèse. Les rues de Moscou sont vides, tout comme les étals des magasins. Chaque jour est un combat, pour du bois dans le poêle, du pain sur la table ou un peu d'encre pour écrire. Car Marina couche sur ses carnets des poèmes, des rêveries, des souvenirs… Elle met en mots son amour pour Alia et son indifférence pour Irina, ses filles…

N'étant pas adepte de poésie, le nom de Marina Tsvetaeva m'était inconnu avant la lecture du roman de Béatrice Wilmos, Tant de neige et si peu de pain. Cette poétesse russe est citée comme l'une des plus originales du XXème siècle. Ce sont quelques années de sa vie qui sont mises en lumière dans ce livre.

Cette lecture a été pour moi l'une des plus difficiles. La faute n'est pas du côté de l'écriture, agréable, essentielle, aux mots qui claquent et aux rimes travaillées. Non, le plus dur reste l'histoire en elle-même. Nous sommes à Moscou, la famine fait rage, les gens ont faim, froid, ils sont abandonnés de tous. La solidarité existe mais que reste-t-il à partager : un sourire, une cigarette, un bouillon bien maigre ? Mais là encore, ces conditions, certes terribles, ne sont pas le plus pénible.

Le plus compliqué pour moi a été de lire cette indifférence, cette insensibilité, ce détachement total de Marina pour sa fille cadette, Irina. Alors qu'elle clame son amour inconditionnel pour son aînée Alia, Irina, qui semble souffrir de troubles psychiatriques, est laissée au silence, aux ombres, au rejet. Ce fut pour moi une lecture vraiment douloureuse.

Il n'y a pourtant pas que cette noirceur poisseuse dans ce roman, mais je n'ai pas réussi à m'en détacher.
Toute la poésie du monde ne pourra effacer cette culpabilité, cet abandon, cette violence. Ma consolation : lire son prénom dans ce livre, la faire revivre à travers les mots de Béatrice Wilmos, c'est un peu lui assurer sa place dans ce monde, et lui confirmer que la lumière qui l'habitait veille encore quelque part…
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