AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Antyryia



Il y a quelques années, quand je vivais dans un petit appartement de la région parisienne, j'étais devant mon ordinateur en train de jouer à World of Warcraft quand j'ai ressenti une petite irritation au bras gauche.
Je me suis un peu gratté par réflexe, faisant apparaître deux petits boutons côte à côte. Probablement une morsure d'araignée. Rien de bien méchant.
"Etait-ce une petite démangeaison qu'elle ressentait ?"
Quelques heures s'écoulent ce même vendredi soir quand c'est un de mes coudes qui me démange tellement que mes ongles se mettent à tenter de me soulager de façon incontrôlable.
Cette nuit-là je n'ai quasiment pas dormi.
Après les coudes les chevilles, les mollets, les aisselles : des grappes entières de boutons rouges venues de nulle part qui se matérialisaient sous mes doigts, sous mes ongles. A chaque zone qui se calmait enfin une autre prenait le relais de façon incessante, lancinante.
"Son dos la démangeait, ses joues la démangeaient, sa nuque la démangeait plus que tout, comme si un escadron de moustiques l'avait pris pour cibles."
Ca n'était pas douloureux mais c'était insupportable.
Je n'ai jamais été un as du ménage mais si mon appartement était devenu un repère de fourmis rouges, de pisaurides, de cafards ou de moustiques j'aurais quand même été au courant. Et cette infinité de lésions ne venait pas de nulle part.
Alors il ne restait que la solution des punaises ou des acariens ou je ne sais pas quoi d'autre, visible ou invisible et caché sous les draps, sur le matelas.
"La dernière chose dont on a besoin, c'est bien de punaises de lit."
D'où mon état qui avait encore empiré après quelques heures allongé.
Le samedi, dès 8h30, dans un état comateux, j'étais en grande surface et avec les courses habituelles j'ai acheté deux insecticides différents. J'en ai pulvérisé mon appartement en rentrant, espérant en finir avec ce cauchemar quitte à respirer un peu de pesticides.
Les deux jours qui ont suivi ont fait partie des plus longs de ma vie.
Bien sûr les répulsifs n'ont fait aucun effet.
Et les plaques de boutons ont encore persisté à s'étendre : tout autour du bas ventre, des poignets, sans compter que les insectes, les parasites, semblait aussi m'avoir atteint à la lèvre inférieure, qui après deux jours avait triplé de volume et pendait bêtement de mon visage devenu hideux.
En me regardant dans la glace, me voir des traits communs à Elephant Man me faisait peur.
Ce furent deux jours épouvantables. Les boutons étaient devenus par endroits des plaques rouges qui me démangeaient de la tête aux pieds. Je n'ai pas pu fermer l'oeil pendant quarante-huit heures. Et je commençais à m'inquiéter de ne voir aucune amélioration, bien au contraire. Impossible de me concentrer sur autre chose que ma peau brûlante et gorgée de poison. Vilaines bestioles ou allergie ? Ni l'un ni l'autre n'était rationnel. Je n'avais rien mangé d'inhabituel et jamais je n'avais été dans un état similaire. Ca me paraissait idiot d'appeler les urgences alors que ça n'était sûrement rien, pourtant c'était juste intenable.
Le lundi j'ai appelé mon médecin traitant les yeux fixés sur mon radio réveil pour ne pas rater une seconde et mettre fin rapidement à mon calvaire. Il m'a fallu quelques heure d'attente en plus avant le rendez-vous libérateur.
C'était bien une allergie.
A quoi, je n'en n'ai jamais eu aucune idée, mais en tout cas je n'avais aucun parasite.
Un peu de cortisone et de repos et ma lèvre a désenflé tout doucement, ainsi que mon irrépressible envie de me gratter jusqu'au sang.

Retour maintenant au roman proprement dit, écrit en 2011 et traduit dix ans plus tard par les illustres éditions Sonatine.
Ben H Winters est un auteur déjà connu en France pour sa trilogie Dernier jour avant la fin du monde ou encore pour Underground Airlines, prix Bob Morane 2019.
Ca a été une lecture qui m'a replongé avec beaucoup de nostalgie dans les romans de terreur tels qu'on pouvait en lire dans les années 1990. Où, d'une situation banale, l'auteur parvient à créer progressivement des interrogations, des suspicions, de l'angoisse, jusqu'à nous faire sombrer totalement avec le personnage de Susan Wendt, son héroïne qui bascule dans la paranoïa la plus complète. Si jamais elle est bel et bien folle, ce qui reste à déterminer.

Parasites commence comme tant d'autres romans avec l'emménagement d'une petite famille dans un appartement cossu de New York. Ils en occuperont le premier et le second étage. Au rez-de-chaussée, la propriétaire qui est aux petits soins pour ce couple et leur fille.
Pourtant, ce nouveau cadre de vie est anxiogène. Plus on connaît l'histoire de la demeure, plus elle paraît hantée.
"Pour tout vous dire, je trouve qu'il y a une atmosphère étrange qui se dégage de cette maison."
Le précédent couple qui y vivait a disparu du jour au lendemain, leur chat est mort de faim enfermé dans un réduit qui sert à Susan de salle de peinture, il y a d'étranges bruits dans la tuyauterie, et puis il y a aussi cette porte de cave qui ne doit être ouverte sous aucun prétexte.
Et puis à force d'entendre parler des infestations de punaises de lit à New York, Susans se met à en voir, à en sentir les morsures. le problème c'est qu'elle est la seule et qu'il est difficile de la croire sur parole.
A partir de là monte crescendo la panique, l'incompréhension, la lente montée vers la folie, la perte de tout repères pour un couple qui en vient à se déchirer plutôt que de s'aimer.
Y a-t-il une explication rationnelle ? Susan est-elle bonne pour l'asile ? le paranormal est-il en train de s'inviter entre les pages ?

Quasiment tous les mystères seront résolus au terme du roman qui prend au fur et à mesure une cadence de plus en plus infernale.
Mieux vaut être conciliant avec la fin d'ailleurs qui part sur de dangereux sentiers qui vont décrédibiliser une partie du récit. Ce qui est fort dommage d'ailleurs parce que l'ambiance effrayante y est excellemment retranscrite, ainsi que le danger de perte de vie sociale si vos amis sont amenés à savoir que vos recoins grouillent peut-être d'immondes insectes prêts à se faufiler partout.

En résumé, un très bon roman d'horreur psychologique qui devrait ravir les amateurs de ce genre devenu trop rare hélas.


Commenter  J’apprécie          254



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}