Depuis qu'elle avait trouvé ce magazine un soir d'errance dans le dernier tram, Gaëlle élaborait son plan. Elle quitterait Ludo, leur squat de la ruelle aux pinsons et leurs rêves qui s'épuisaient sur un bout de trottoir, pour suivre le tracé rouge de la carte, de point en point.
(Incipit - Page 7)
Pour Jeanne, marcher c'est vivre, avancer grâce à la force des instants passés et des êtres aimés, sans jamais s'arrêter et, parfois se laisser surprendre par une bête égarée.
profite de chaque moment sans chercher à l’interpréter. Il en sera d’autant plus beau. Ce que tu as ressenti ce soir, garde le comme une perle précieuse pour confectionner, avec toutes les autres que tu collectionneras, le collier de ta vie.
Profite de chaque moment sans chercher à l'interpréter. Il en sera d'autant plus beau. Ce que tu as ressenti ce soir, garde-le comme une perle précieuse pour confectionner, avec toutes les autres que tu collectionneras, le collier de ta vie.
C'est la transposition de la réalité en paroles qui fait mal, pas la réalité elle-même.
Elle venait d'Irlande du Nord, de l'Ulster comme ils disent.
Elle avait grandi près de la Chaussée des Géants, et ça m'a toujours fait rire parce qu'elle était toute petite. Elle disait qu'ici c'était son Irlande en miniature, à cause des murets de pierre et de la couleur des pâturages. Elle est venue dessiner dans la région avec un groupe d'artistes, et elle est repartie parce qu'elle ne tenait pas en place. Moi j'avais vingt de plus qu'elle. Pendant six mois, je suis redevenu un gamin de quinze ans qui mentait à tout le monde pour aller voir sa belle en cachette. Et je l'ai laissée filer. Je trouvais que je voyageais déjà pas mal avec ce qu'elle me racontait mais je n'ai pas eu le courage de la suivre. J'ai eu peur de partir. J'ai cru que je pourrais la garder ici, chez moi, dans ce buron où vous dormez. Je l'avais rénové pour elle. Mais à la longue, c'est devenu une cage et l'oiseau s'est échappé.
C'est le temps compté par l'homme qui demeure figé mais, quand on marche, le temps est un tapis que l'on déroule à l'infini sous ses pas.
Profite de chaque moment sans chercher à l'interpréter. il en sera d'autant plus beau. Ce que tu as ressenti ce soir, garde-le comme une perle précieuse pour confectionner, avec toutes les autres que tu collectionneras, le collier de ta vie. il te protégera contre tous les maux, comme le collier d'ambre que l'on fait porter aux enfants.
Après un passage à vide, elle retrouve la légèreté du déplacement, l'envie de partir, la cadence familière de ses pas, le besoin de la sinuosité enivrante d'un nouveau chemin. Elle est à nouveau sur pied Pour combien de temps ? Peu importe. il y a longtemps qu'elle ne vit plus qu'au présent. Elle avance sur un chemin qu'elle trace au jour le jour et elle a appris à trouver ça passionnant.
Profite de chaque moment sans chercher à l’interpréter. Il en sera d’autant plus beau. Ce que tu as ressenti ce soir, garde-le comme une perle précieuse pour confectionner, avec toutes les autres que tu collectionneras, le collier de ta vie. Il te protégera contre tous les maux, comme les colliers d’ambre que l’on fait porter aux enfants.