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Critique de finitysend


New York et proche agglomération ,est une ville que je connais pas mal et que j'ai fréquenté occasionnellement mais régulièrement et depuis un bail.
Si on connait cette ville depuis très longtemps on sait qu'elle a radicalement changé sur environ quarante ans.
Ce livre est un pavé ancré dans le détail et les nuances . Les détails sont amenés en touches discrètes et ils génèrent une consistance légère mais d'un réalisme sans faille. La citée est dans ce roman un véritable écosystème et c'est sans réserve que le lecteur parcours cet univers démesuré.
La ville dessinée dans ces pages est une ville géographiquement (géographie humaine) différente de celle d'aujourd'hui. Elle était au début des années 80 plus « Naughty » , assez dangereuse, très encanaillée et souvent populaire et au bas de l'échelle sociale ,avec de nombreux ilots ethniques variés de primo-arrivants ou non. Une grandeur bourgeoise démesurée et puissante planait sur la ville à l'époque alors que le métro était arpenté par ses milices populaires , avec leur pantalons rouges moulant et remontés jusqu'au cou, pour protéger les voyageurs du métro des toxicos et autres manants. Musées, bâtiments officiels, police ,univers maritime « skyline » envahissait les regards et les ressentis des visiteurs ,plongés de facto dans le vertige et la démesure. Cette ville monde ,de pierres de briques ,de verre, futuriste et encrée dans le passé. ,tout en altitude artificielle et visionnaire était une fourmilière comparable à Mumbai centre aujourd'hui.
Elle s'est depuis beaucoup aseptisée et résidencialisée , « gentriffiée » en fait. J'ai arpenté Harlem relativement récemment et c'est un endroit très agréable ,pas trop cher ,peuplé de gens tout à fait aimables et le Gospel est presque devenu confidentiel. Si par exemple on assiste à Harlem à un concert dans une église et que l'on est blanc on peut s'assoir n'importe où, sans se mettre nécessairement à côté de la sortie au cas où. Si le ciel et l'horizon dégagé vous manquent et que le bruit vous assomme il faut s'approcher d'un des nombreux bord de mer où planent constamment des allures entêtantes de Nouvelle Angleterre maritime.
Non, La ville d'aujourd'hui n'est plus et de loin celle du Bucher des vanités mais les choix sociologiques de l'auteur qui sont un prisme d'insertion dans l'univers de New York sont absolument valides et contemporains.
Le bucher est une fresque morale enracinée dans l'humain (les individus et le collectif) et il l'est aussi dans des représentions sociales pertinentes ,dures mais sans véhémence outrée ni dénonciations idéologiques obsessionnelles (moralité et politiques) ou caricaturales.
La minutie des détails et du rythme font que cette lecture alimente la sensation de déplacement réel. Les personnages ne sont pas très sympathiques et souvent la ville les malmène et leurs sociabilités en rajoute au lieu de les aider généralement.
New-York c'est des visages souriant partout avec des sourires techniques très convaincants et biens apprêtés qui lissent efficacement l'âpreté d'une réalité individuelle souvent sous pressions, fragile et toujours en péril. Une réalité qui est elle-même posée sur des sables mouvants. La New York du bucher est secouée de manifestions et d'émotions populaires et collectives sur lesquelles planent la vanité et la dénonciation exigeante de certains acteurs importants de la vie locale et qui incarnent énormément de symboles.
C'est un New York qui n'existe plus mais pourtant New York est toujours New York, même « gentriffiée ». On dit que le Diable est dans les détails et il semble bien en effet que ce soit vrai. le lecteur averti appréciera cette ville des années 80 ou le simple fait de prendre le métro vous causait des poussées d'adrénaline endiablées.
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