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Critique de latina


Cela fait quelque temps déjà que je me pose des questions sur la grand-mère que je n'ai pas connue, celle qui est morte quelques années avant ma naissance. J'ai appris un terrible secret à son propos, mais sans les détails qui l'adouciraient quelque peu. Cela rejaillit évidemment sur la jeunesse de mon père, qui n'est plus là pour éclaircir ce mystère.

Pourquoi est-ce que je vous révèle tout cela ? Parce que le livre (roman ? biographie ? ) résonne en moi fortement. Je l'ai adoré, tout simplement. Je l'ai lu quasi en apnée pendant 4 jours.
Julie Wolkenstein partage ceci avec son arrière-grand-mère : un amour inconditionnel pour la maison de vacances de St-Pair, sur la côte normande, face au Mont St-Michel.
A partir de là, et de quelques documents en sa possession, l'auteure retrace, brode, invente la vie d'Adèle, née à la fin du dix-neuvième siècle. Adèle aussi cache un terrible secret...

Tout ceci est relié au présent, à l'acte d'écrire, qu'elle opère à St-Pair, justement, et qu'elle raconte à son Jules, l'homme dont elle est amoureuse et qui s'intéresse de très près à ce qu'elle fait.

Passé et présent s'enchainent sans temps mort, avec une tendresse et une empathie infinie, mais aussi avec honnêteté intellectuelle. C'est une auteure qui se joue des codes « roman », « biographie », « autobiographie », avec facilité et décontraction totale.

Nous sommes au plus près d'Adèle, de cette petite fille, jeune fille, femme amoureuse, mère de famille nombreuse, puis grand-mère, ayant dû vivre de nombreux malheurs dès son plus jeune âge mais se relevant chaque fois avec force, colère et ténacité. Elle appelle un chat un chat, Adèle, et parle même d'un certain crocodile…hum, je n'en dis pas plus.

Les évènements politiques et sociaux, dont évidemment les 3 guerres contre les Allemands, sont évoqués, mais c'est surtout la façon de vivre de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle qui est peinte. Des bals aux séances à l'Opéra, des goûters d'enfants aux grandes réunions familiales, tout est retranscrit, tout est plein de vie.

Quitter cette famille, cette femme, est pour moi comme une sorte de déchirement : c'est là que je reconnais la marque d'une littérature de qualité, celle qui a su m'émouvoir, me tenir en retrait de ma propre réalité pour me pencher sur celle d'autres personnes, fût-elle pas si réelle que ça…

Ah, si j'étais écrivaine, je saisirais ma plume et me mettrais, moi aussi, à raconter l'histoire de ma grand-mère, que j'intitulerais : « Yvonne et moi ».
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