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Critique de jeranjou


Mais pourquoi suis-je venu au monde ?

Cette question, Shuggie Atkins, adolescent de treize ans appelé Shug, a dû se la poser un bon nombre de fois depuis sa naissance.

Pour quelles raisons, vous me direz-vous ?

Disons que le pauvre garçon part avec quelques handicaps dans la vie, que je résumerais en trois hic :

►Commençons par sa mère Glenda, le premier hic qui rime avec éthylique…

Pourtant belle femme, Glenda appelle son fils « Mon petit coeur » mais adore encore plus que tout siroter la « Tisane », non pas le pisse-mémé qui infuse mais le mélange rhum - Coca qui diffuse. Et pardessus le marché, disons que Glenda a tendance à allumer les hommes sans même sans rendre compte… même son fils.

►Poursuivons par le pseudo père de Shug appelé Red, le second hic, pas vraiment éthique…

Même après avoir purgé une peine de prison, Red, toujours fourré avec son pote Basil (rien à voir avec la bande), exerce le métier pas vraiment honnête de trafiquant en tout genre.

Coté famille, Red bat régulièrement sa femme Glenda et insulte sans arrêt Shuggie de gros lard. Pire encore (si on peut dire), Red l'oblige à participer à des vols plutôt étranges, le vol de médicaments.

Choisissant ses proies dans un état souvent proche de la mort, Red utilise Shug, déguisé en vendeur de Grits, pour dérober les boites de médicaments des malades.

►Terminons par le lieu de résidence de Shug, le cimetière, le dernier hic pas franchement idyllique...

Dans la pratique, Shug doit supplanter sa mère au travail consistant à entretenir le cimetière dont leur maison bariolée et en piteux état, fait partie tenante. Désherber, tondre, nettoyer les allées et les tombes devient le quotidien de ce pauvre adolescent désabusé et plutôt solitaire.


En résumé, vous connaissez désormais l'univers impitoyable dans lequel se débat le jeune Shug entre violence conjugale, délinquance et alcoolisme. Hic, hic, hic...

Néanmoins, il est assez étonnant de noter que Daniel Woodrell réussit à instaurer une relation tendre entre cette mère et son fils alors que tout ce qui les entoure les enferme dans une misérable existence.

Sans user d'une intrigue comme dans un policier classique, l'auteur nous embarque dans une histoire sordide qui m'a rappelé « Rage noire » de Thompson, en moins cru et dans un tout autre contexte. Dans un style américain tout aussi remarquable…

Pour conclure, j'ai largement apprécié ce court roman volontairement elliptique qui juxtapose des situations dont on ne connait pas forcément le début ou la fin de l'histoire. Au lecteur de s'imaginer les parties manquantes.

Et « cerise sur la tisane », un final de roman qui m'a surpris, interpellé et bouleversé. Que demander de plus ?

Un autre Woodrell assurément…
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