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Critique de karmemma


Cet essai romancé, tiré d'une conférence prononcée par Virginia Woolf dans une université pour femmes au début du XXe siècle, aborde la question des femmes et de la fiction. Derrière son idée fondamentale - pour écrire de la fiction, une femme a besoin d'un lieu qui ferme à clef et d'un revenu à elle - Virginia Woolf traite de la condition des femmes en général, dans le passé, le présent et le futur, dans une société qu'elle définit comme fondamentalement patriarcale. Elle raille avec beaucoup d'humour le besoin qu'ont les hommes (dont le fameux "Professeur X", auteur de l'essai sur "l'infériorité physique, morale et mentale des femmes") de proclamer les femmes inférieures afin d'assurer leur propre supériorité, de bénéficier de ce miroir déformant qui leur permet d'accomplir de "grandes choses". Elle s'indigne aussi : de l'absence de liberté, d'indépendance, de moyens, qui constituent autant d'entraves empêchant la femme de penser et donc, d'écrire.
Cette indignation, cette colère qu'elle identifie chez les grandes romancières anglaises du XIXe siècle, est aussi ce qui, selon elle, entache leur écriture. Son idéal est celui d'une écriture totalement androgyne, qui embrasse à la fois le masculin et le féminin, et devient ainsi fluide et complète.

Lire Virginia Woolf dans cette traduction récente par Marie Darieusseq permet d'en découvrir l'immense intelligence. L'autrice met en abîme sa condition et le regard des hommes, en adoptant une écriture qui pourrait paraître parfois futile et papillonnante, presque écervelée, mais qui fourmille de références et de sous-entendus, décryptés par de très nombreuses notes de la traductrice.
Même si Viriginia Woolf prophétise pour "dans cent ans" l'avènement d'une femme enfin suffisamment libérée pour écrire de la fiction, beaucoup de ses constats résonnent encore aujourd'hui et restent d'une désespérante actualité.
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