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Critique de bdelhausse


Pas si facile à classer, ce roman. Comme indiqué dans la postface, on est dans le roman d'aventure, davantage que dans le roman d'anticipation. Quelque chose dans la foulée de H.G.Wells, ou de Jules Verne, voir d'un Pierre Boulle...

La science est au centre du roman, mais en même temps au service du récit, elle s'efface quand il faut pour laisser la place aux personnages, aux sentiments, à l'histoire.

De quoi s'agit-il, alors?

David Lambert, un archéologue industriel, prend possession d'une lettre d'H.G. Wells (que Ronald Wright semble affectionner), où il avoue une romance avec une jeune scientifique, disciple de Tesla. Cela se passe dans les dernières années du XIXe siècle. Et les recherches de cette Tania vont permettre à Wells d'écrire La Machine à Explorer le Temps. Car, révèle Wells, cette machine a bien existé, ou plutôt, elle existe, quelque part dans les méandres du temps. Et elle reviendra 100 ans après son départ, dans la nuit du premier janvier 2000...

Alors David Lambert, pris lui aussi dans une romance avec Anita (anagramme de Tania), se lance corps et âme... Bien sûr, la machine apparaît mais elle est vide.

Atteint d'ESB, apprenant le décès d'Anita des suites de la même maladie, David Lambert entreprend le voyage vers le futur qui lui permettrait d'atteindre une époque où la maladie de la vache folle serait soignable.

Direction l'année 2500. Il atterrit, comme le héros de Wells, dans une Angleterre dévastée, où la jungle a envahi le pays. Personne... la civilisation a périclité... David Lambert va alors entreprendre de raconter ses explorations à Anita, à titre posthume tout en cultivant l'espoir secret de pouvoir se sauver et la sauver de même... Ses découvertes vont l'amener à revoir les causes de ce retour à la nature subi par la terre entière (ou presque).

Là on retrouve Ronald Wright, un archéologue de formation, voyageur impénitent, scientifique, philosophe à ses heures... qui a fait du déclin de la civilisation, de la poursuite du progrès et de l'avenir du monde des thèmes de prédilection, tant en fiction qu'en non-fiction. Il donne des conférences, écrit des essais... Sa démarche dans la fiction est à l'image de celle de Wells, finalement.

Le livre se décompose grosso modo en 3 parties: la découverte de la machine, l'exploration de l'Angleterre, la rencontre avec ce qui reste de civilisation. Les deux premières parties sont très longues, et sont tirées à la limite de l'ennui, en ce qui me concerne. La troisème est plus courte, mais de même, elle finit par créer une certaine lassitude chez le lecteur.

La fin est un peu rapide, avec quelques pistes (comme celle de la folie de David Lambert et de l'illusion de voyage dans le temps) qui s'entrechoquent. Manquant parfois de conviction et de cohérence, àmha. Mais cela ne concerne que quelques pages.

Ronald Wright présente une vision du monde et de son évolution directement tirée des connaissances scientifiques actuelles sur le réchauffement climatique, l'épidémiologie, les manipulations génétiques, etc. On peut, ou pas, adhérer à sa vision, mais elle n'est pas plus extravagante que la négation des mouvement climatiques que nous connaissons. Son astuce consiste à nous présenter un personnage principal complexe, tiraillé entre son amour passé, son désir d'en finir car sa maladie est incurable, et son espoir fou que tout peut s'arranger. Ronald Wright maîtrise bien les paradoxes temporels. Suffisamment bien pour ne pas s'embrouiller et mener le lecteur au point final, un goût amer en bouche. le passage où David Lambert examine les implications d'un retour dans le passé, à une date antérieure à son départ, est une pure merveille.

Un peu d'humour quand même, émerge de temps à autres. Mais aussitôt balayé par la dure réalité. Il y a aussi du Barjavel dans Wright.

Ce n'est pas un roman exceptionnel, mais un de ces récits qui vivent longtemps dans la chair et l'esprit du lecteur. Que ferions-nous si nous avions une machine à explorer le temps? Nous ferions comme David Lambert, nous essaierions de conjurer le sort... tout en sachant que cela ne sert à rien.
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