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Critique de OnIstanbulRooftop


Eh bien ! Quel livre. Pour moi, un véritable baptême, à tous les titres. Je lis rarement de policiers, si ce n'est quelques Agatha Christie ouverts et refermés il y a bien des années. La Chine ne fait généralement pas partie des pays au centre de l'intrigue de mes nombreuses lectures ; pas nécessairement par choix délibéré. Les caprices de ma liste de livres à lire longue comme le bras, plutôt !

"Mort d'une héroïne rouge" m'a toutefois été offert l'an dernier, pour Noël. Par une amie passionnée de... gastronomie ! Sur le moment, j'étais un peu sceptique. La Chine ? Un polar ? Et la nourriture chinoise, dont je suis loin loin loin d'être une grande fan ? Quelle idée !

Ma première tentative de lecture a été avortée. Par la vie, par les obligations, par toutes ces choses qu'on a à faire et qui nous font oublier rapidement un livre dont l'intrigue ne s'installe que très lentement.

Pourtant, c'est sur un quatre étoiles que j'achève cette seconde lecture, maintenant que je suis enfin arrivée à bout de ces quelques 500 pages d'histoire de la Chine contemporaine. Car ce livre n'est pas seulement un polar, c'est même avant tout un cours d'histoire de la Chine au début des années 1990, au lendemain des évènements de Tiananmen.

Atypique est le premier mot qui me vient à l'esprit pour décrire cette enquête, cette histoire, ce personnage principal et cette intrigue. Très peu portée sur les livres policiers, je suis en revanche une grande adepte des séries de ce genre ; et jamais, jamais, je n'avais rencontré un policier dont le métier n'avait été que le résultat de la politique d'un Parti, à un moment précis de sa prise de pouvoir ; et encore moins un inspecteur fin gourmet et ponctuant chacune de ses pensées de citations poétiques agréables !

C'est peut-être ce qui explique un rythme assez déstabilisant, presque bancal... mais toutefois charmant, et auquel on finit par s'attacher. L'auteur (dont je ne saurais jamais écrire le nom sans fautes !) brise les codes du genre, dans un style qui, sans être transcendant, est pourtant plus qu'efficace.

L'intérêt principal du bouquin est donc la découverte de la société chinoise, à l'heure où capitalisme et ouverture économique viennent mettre en danger la stabilité de son Parti communiste omnipotent. Népotisme, problèmes de logement, d'argent et de circulation routière, impunité des vieux cadres du parti, changement d'identité d'une société habituée à s'entourer de "travailleurs modèles" et à supporter les immunités de fait des ECS, fameux "Enfants de cadres supérieurs", stigmatisation de "l'influence bourgeoise occidentale"... C'est une Chine plus vraie que nature qui se dresse devant nous, entre deux repas et de nouvelles découvertes.

Finalement, le fil rouge, cette enquête sur cette héroïne rouge, n'est presque qu'un prétexte pour nous démontrer que la police chinoise, lorsqu'elle entend se montrer honnête et juste, se heurte moins à des problèmes de logistique qu'à des problèmes politiques. le meurtrier est rapidement démasqué mais il faudra des pages et des pages pour se dresser contre le spectre omniprésent du Parti et de ses intérêts ; l'occasion de se familiariser avec un paquet de personnages plus pertinents les uns que les autres.

Un très bon moment de culture générale, donc, dépaysant et sincère, comme on aime !

(5/26, challenge ABC 2014 - 2015 - lettre X)
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