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Critique de frandj


Lu Xun (1881-1936) est l'un des premiers écrivains modernes de la Chine. Parti étudier à l'étranger avant la chute de l'empire, il est partisan d'une révolution dans le domaine littéraire: c'est un précurseur dans ce domaine. Par la suite il sera compagnon de route des communistes chinois, non sans quelques divergences avec le parti, avant de mourir à 55 ans d'une tuberculose.
La véridique histoire de Ah Q (1921) est un longue nouvelle en tout points remarquable. Elle sort radicalement du cadre de la littérature traditionnelle, en s'intéressant à un "moins que rien" et en utilisant une langue très proche de la langue parlée. Elle met en scène un homme misérable, apparemment sot, un bouffon à la fois ridicule et presque émouvant, en butte aux conflits avec les autres habitants de son village.
Ce qui surprend le lecteur, c'est qu'il est à la fois "battu et content": il travestit toutes ses humiliations en victoires imaginaires. Ce trait caractéristique a accrédité l'idée que Ah Q serait une représentation de la Chine du début du XXème siècle, qui voulait s'illusionner sur sa puissance, alors qu'elle ne cessait de subir des défaites et de s'enfoncer dans le déclin. En fait, il me semble que le personnage d'Ah Q, tout à fait original, peut se suffire à lui-même. Sa vie chaotique, d'abord obscure, le mènera à un engagement dans la révolution naissante - un thème traité volontairement sur un mode risible - puis à une fin tragique: il finira exécuté. (A noter que, dans le titre chinois, le « Q » est une lettre tiré de l'alphabet occidental, imprononçable en mandarin, mais dont la forme évoque la natte portée par tous les Han en signe de soumission à la dynastie mandchoue, jusqu'à la révolution chinoise).
Avec ce texte, Lu Xun, pourtant encore jeune à l'époque de la parution, démontre son très grand talent d'écrivain. La narration est étonnement moderne, percutante, empreinte d'humour noir, transformant le drame en tragi-comédie aigre-douce. Après cette lecture, on ne peut plus oublier le personnage d'Ah Q.
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