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Critique de Tachan


Malgré une narration toujours aussi lourdingue pour moi qui rend la lecture malaisée, les thèmes de cette série sont toujours aussi passionnant à aborder et ça fait du bien de voir que la fac n'est pas un long fleuve tranquille.

Yatora est toujours aussi perdu dans cette première année de fac d'art, mais il n'est pas le seul. Il est très intéressant de voir comme Tsubasa Yamaguchi décrit ce milieu où les professeurs laissent leurs élèves tellement dans le flou au point de les perdre parfois. C'est bien d'essayer de les pousser à réfléchir par eux-mêmes, de ne pas tout leur donner tout cuit, mais sans même les accompagner, c'est rude. On a ici une vision de l'enseignement assez japonaise qui ne correspond pas forcément à notre philosophie française, du moins dans ma branche à moi avec les plus petits, et qui m'interroge.

A la lecture, cela débouche sur de longues, longues introspections avec le sentiment d'un héros perdu, qui tourne en rond. Et comme je ne suis pas une grande fan de Yatora quand il est dans cet état, j'ai été ravie de voir la réflexion complétée par un focus sur Yotasuke, celui qu'on qualifie de génie, mais qui semble en avoir assez et qui n'a pas l'air plus avancé que notre héros. Avec eux, on a deux visions différentes des artistes, du moins depuis l'extérieur et la mangaka nous pousse à nous interroger sur notre façon de considérer chacun d'eux. Est-ce que le génie vaut mieux que le travail acharné ? Les deux ne peuvent-ils pas être complémentaires ? Des réflexions qu'on doit soi-même se faire.

L'autrice s'attarde aussi longuement, dans ce tome, sur ce qu'est l'art selon les époques, sur sa réception de nos jours en comparaison, sur les différentes techniques, et ça, j'ai adoré. J'ai beaucoup aimé la petite sortie de nos héros pour aller voir le travail de Velázquez. C'était passionnant de revoir l'oeuvre, les intentions et la technique de l'artiste remise dans leur contexte. J'ai également beaucoup apprécié de voir nos jeunes étudiants s'essayer à des techniques passées comme la fresque et la mosaïque, même si ça aurait pu être plus développé, car c'est fait sur peu de pages au final. Il y a une réflexion très intéressante sur l'art, ses médiums, sa mise en perspective selon l'époque. 

Enfin, aborder la réception des oeuvres dans le passé, c'était bien, mais le voir dans le présent c'est encore mieux. Et ainsi les quelques pages avec l'une des prof de Yatora qui expose également des oeuvres très contemporaines, des installations à base d'emballage, fut passionnant. On aborde de manière subtile mais réaliste et grinçante la question du mécénat, le besoin de lécher des bottes et savoir être dans les petits papiers de certains pour être visible, le besoin d'être aussi dans l'air du temps. Il y a également, tout comme par le passé, la dimension du message qu'on souhaite transmettre qui peut être double, celui visible au premier abord et celui caché. C'est assez fascinant d'entendre et de voir Nekoyashiki en parler.

Cependant si on prend tout celui mis bout à bout, je dois avouer que je trouve parfois que Blue Period manque de cohérence. J'ai l'impression que l'autrice met bout à bout des éléments propres au milieu de l'art mais sans une histoire vraiment poussée et construite. J'ai ainsi le sentiment d'une histoire qui patine, qui s'écoute aussi beaucoup en mode méta, avec trop trop de blabla discursif sur le monde de l'art, ce qui donne l'impression d'avoir entre les mains un essai sur le sujet et non un texte narratif. Moi, j'ai besoin d'une histoire qui m'emporte dans ce type d'oeuvre et non d'un texte documentaire. Je ne dis pas que ce n'est pas intéressant mais j'aimerais que ce soit intégré de manière plus légère et subtile et non avec tous ces gros pavés bien lourds à lire.

Blue Period reste une lecture enrichissante mais fort maladroite dans sa forme, avec un héros pas forcément des plus sympathique et entraînant à lire avec son spleen qui ne le quitte pas et qui touche également ses amis. Heureusement qu'à côté, on apprend des choses passionnantes sur la vie d'un étudiant en art et l'art en général.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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