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Critique de marsenavril


Sept nouvelles balaient l'histoire rurale de la Chine, ça se passe à diverses époques entre la guerre de libération et la post-révolution culturelle (après que les jeunes instruits envoyés en rééducation dans les campagnes sont rentrés chez eux). C'est à dire l'histoire telle que l'a connue Mo Yan dans son canton de Gaomi.

Mo Yan est un formidable narrateur de la société chinoise et de la comédie humaine. Il raconte le monde dans sa complexité et ses contradictions et met en scène avec brio une société éclatée entre les traditions du monde d'avant et l'élan à marche forcée de la Chine nouvelle.
On y rencontre l'humain dans tous ses états : hommes, femmes ou enfants, grand-pères, mères, époux, étudiants, écoliers, paysans, militaires, artisans, aubergistes, chefs de district ou de parti, brigands, qu'ils soient frustes, raffinés, cultivés, stupides, puissants, bons ou mauvais, ratés ou pauvres, sourds ou aveugles. Ses histoires sont peuplées de cons, de petits malins, de frimeurs, de salauds, de bons ou mauvais bougres, de courageux, de fanfarons, de menteurs, de couards, de prétentieux… à tous les étages de la société. Toujours aux prises avec des rivalités, des frustrations, des jalousies, des trahisons, ou simplement des concupiscences ou des gourmandises. le Balzac des campagnes raconte à la fois la sociabilité paysanne et les valeurs familiales et ancestrales, le choc des cultures entre modes de vie paysans et transformations politiques et économiques, et met en scène les conflits, les enjeux, la mauvaise foi, la brutalité, l'orgueil, l'obstination, le dévouement...

Cette acuité avec la quelle il regarde l'humain, il l'exerce aussi sur les animaux : chez Mo Yan, les ânes, les chiens, les chevaux, même les cochons ont une âme qui en fait des témoins, ou des compagnons, ou des victimes de l'homme. Sans oublier l'humour et une dérision certaine face aux absurdités d'un monde en plein bouleversement, où se côtoient paysans pauvres ou moyen pauvres, propriétaires, chefs de district, chefs militaires, ceux qui ont le pouvoir, ou l'envient, ou le côtoient, et une réalité obstinée : les paysans sont ceux qui triment et qui trinquent (aux deux sens du terme) et l'humain reste humain, quel que soit le système politique qui l'encadre.

Mo Yan est aussi un formidable narrateur de la nature, il capte l'air du temps, les couleurs de l'atmosphère, le bruit de la rivière, la couleur du sorgho, de la poussière… La nature est toujours magnifiquement, intrinsèquement présente. Bref, Mo Yan est un très grand écrivain.
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