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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens vous parler d'un manga d'Abe Yaro, intitulé La cantine de minuit et adapté en série live disponible sur Netflix.

-Beeeeeerk ! J'lis pas ça moi, t'as vu le dessin, c'est moche et remoche !

-Ah, c'est sûr, on est loin de l'esthétique habituelle des mangas. Ce style ressemble plus à ce que j'ai pu voir dans des productions indépendantes.

-Nan mais une telle hideur, c'est violent, quoi ! Regarde-moi cette couverture !

-Ben quoi ? je la trouve très bien, cette couverture.

-Mais comment peux-tu ?

-Comme ceci, écoute et regarde bien. La cantine de minuit, de quoi ça parle ? D'un restaurateur qui ouvre son établissement tard dans la nuit pour servir ses clients. Il les connaît, lesdits clients, il discute avec eux, ils reviennent parce que sa cuisine est bonne et qu'il cherche à faire plaisir. le restau offre un lieu où ils forment un groupe soudé par des goûts communs.

Or, regarde-les. La façon dont ils sont tournés, le regard interrogateur, tous cadrés dans un beau carré où ils forment un ensemble dans l'espace clos de l'établissement. Tu ne remarques rien ?

-Euuuh… c'est pas plus beau que tout à l'heure ?

-Nan, mais, en-dehors du jugement esthétique !

-Beeeen…

-Les personnages te regardent toi.

C'est très malin d'avoir placé cette case en couv'. le dialogue entre le lecteur et les personnages commence avant même d'entrer dans l'histoire, avant d'ouvrir le livre. Normalement, c'est le lecteur qui s'interroge sur l'objet qu'il tient ou qu'il remarque dans un rayon, mais ici, la curiosité t'est renvoyée en miroir : ce sont les personnages qui s'interrogent en te renvoyant ton regard. Il y a aussi de la surprise sur ces visages : visiblement, le lecteur n'est pas attendu. On entre ?

-Mbof.

-Allez zou, on entre. Une fois à l'intérieur, on découvre quoi ? Une multitude de petites histoires découpées en brefs chapitres, en nuits. A chaque nuit, un plat différent.

-Quel intérêt ?

-La culture générale culinaire, pour commencer. Je m'intéresse à la nourriture, j'aime donc apprendre l'existence de plats en attendant de les goûter. Et puis j'adore apprendre de nouveaux jolis mots ou de les retrouver, comme de vieux copains : « Tiens, le nikujaga, comme dans Monster ! le bol du chat, comme dans Mes petits plats faciles ! « Ochazuke », oh làlààà, c'est joli, ça… » Et pour continuer, la tendresse amusée ou émue des dessins.

Ce restau est fréquenté par des gens plus ou moins recommandables et je me suis surprise à éprouver de l'attendrissement devant leurs manies gourmandes, à ne pas les juger, parce que ce n'est pas le propos du manga. Les pages sont remplies de fraternité et d'affection. J'ai trouvé plaisant la façon dont ces gens se réunissent pour partager un goût commun pour la nourriture, la partageant parfois et scellant ainsi des amitiés.

La cuisine représente une forme d'amour que ces courtes chroniques célèbrent en illustrant les mille manières de manger au cours de vies dramatiques, ternes ou tragiques, avec humour ou tristesse, mais jamais avec malveillance malgré ce trait qui ne tourne personne à son avantage. Et je me demande si on connaîtra l'histoire du patron dans le ou les tomes suivants. »
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